6. Les Bourbon, Ducs d’Orléans

Armoiries :

D’azur à trois fleurs de lys d’or et au lambel d’argent.

LES BOURBON, DUCS D’ORLEANS

Histoire :

La maison des ducs d’Orléans est issue de Philippe de France, dit Monsieur, frère du roi Louis XIV, (1640-1701) à qui le roi donna en 1660 en apanage le duché d’Orléans. Elle constitue la 4e branche cadette de la maison royale capétienne de Bourbon.
En plus du duché d’Orléans, elle recevra en 1821, l’important héritage des Bourbon-Penthièvre, issus de Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse (1681-1737), fils illégitime de Louis XIV et de la marquise de Montespan, ce qui fera des ducs d’Orléans, les propriétaires fonciers les plus importants du royaume.
Entre 1661 et 1830, ce sont six ducs d’Orléans qui se succéderont dont Philippe, dit Philippe-Egalité (1747-1793) qui votera en 1793 la mort de son cousin, le roi Louis XVI et son fils, Louis-Philippe (1773-1850), qui usurpera les droits du duc de Bordeaux au profit duquel Charles X avait abdiqué en 1830 et se fera nommer roi des français, brisant ainsi les liens millénaires de la succession légitime au trône de France.

Titulatures :

Le chef de maison porte le titre de comte de Paris et son fils, celui de duc d’Orléans avec prédicat d’Altesse Royale accordé par Charles X en 1825. Titres traditionnels : duc de Chartres, de Valois, de Nemours, de Montpensier, d’Aumale, prince de Joinville, comte de Clermont, de La Marche.

Chef de maison :

S.A.R. le prince Henri d’Orléans, comte de Paris (1933)

(Patrick GUIBAL)

Prince Henri d'Orléans (Wikipédia)

5. Les Bourbon, Ducs de Parme et Plaisance

Armoiries :

Au 1, d’or à six fleur-de-lys d’azur rangées trois, deux, une qui est Farnèse, au 2, d’argent à la croix pattée de gueules cantonnée de quatre aigles de sable becquées de gueules, sur le tout un écu de France à la bordure de gueules chargée de huit coquilles d’argent qui est Bourbon Parme.

5. LES BOURBON, DUCS DE PARME ET PLAISANCE

Histoire :

C’est par le traité de La Haye signé en 1720 que le roi Philipe V d’Espagne, époux d’Elisabeth Farnèse, obtient qu’à l’extinction des Farnèse, le duché de Parme et Plaisance revienne à son fils, l’infant Charles de Bourbon (1716-1788).
A la mort en 1731 d’Antoine-François, dernier duc de Parme de la maison Farnèse, l’infant Charles montera sur le trône du duché sous le nom de Charles 1er. Ainsi naîtra la maison des Bourbon, ducs de Parme et Plaisance, 3e branche de la maison royale capétienne de Bourbon.
Entre 1731 et 1859, date du référendum qui va destituer les Bourbon dans le cadre de l’unification italienne, ce sont 6 ducs (Charles 1er, Philippe 1er, Ferdinand 1er, Charles II, Charles III, Robert 1er) qui se succéderont sur le trône du duché de Parme.

Devise :

« Deus et Dies »

Ordres de chevalerie :

Ordre sacré, angélique, impérial et constantinien de Saint Georges, ordre de Saint Louis

Titulature :

Le chef de maison porte le titre de duc de Parme, Plaisance et Etats annexés avec prédicat d’Altesse Royale. Titres traditionnels : comte de Bardi, prince de Plaisance

Chef de maison :

S.A.R. le prince Charles-Xavier de Bourbon, duc de Parme, Plaisance et Etats annexés (1970)

(Patrick GUIBAL)

Prince Charles-Xavier, duc de Parme
Prince Jaime de Bourbon-Parme (frère de l'actuel duc)
Impératrice Zita de Hasbourg (oblaturesm.ca)
Prince Xavier de Bourbon-Parme (www.afmd-allier.com)
Photo de famille prise au Ritz en 1960: de gauche à droite: princesse Maria Teresa, princesse Cécile, prince Edouard de Lobkowicz, princesse Françoise, princesse douairière de Lobkowicz, prince Xavier, princesse Anita de Lobkowicz, princesse Marie des Neiges
Bourbon-Parme : Les 4 sœurs Françoise, Maria Teresa, Marie des Neiges et Cécile dans les années 60 à LIgnières
Bourbon-Parme : Charles-Hughes et Irène des Pays Bas au moment de leur fiançailles en 1964.
La princesse Cécile de Bourbon-Parme et son cousin l'archiduc Robert d'Autriche lors d'un bal au Ritz en 1960
La princesse Cécile de Bourbon-Parme avant un vol en planeur à Moulins circa 1955
Les princesses Maria Teresa et Cécile de Bourbon-Parme avec leur tante l'impératrice Zita à Bostz en 1960.
Le prince Charles Hugues et ses 2 fils portant le béret Carliste ( photo prise 3 mois avant la mort du prince en 2010)
Maria Teresa de Bourbon-Parme circa 1995
Les 4 enfants du prince Charles Hugues de Bourbon-Parme circa 2000
Geneviève Lorrain, Maria Teresa de Bourbon-Parme et Jacqueline de Dreuille avec Stefan Lunte à Souvigny en 2010
La princesse Maria Teresa de Bourbon-Parme si heureuse de retrouvez Bostz, après 25 ans d'absence en 2010
Mariage de Françoise de Bourbon et du Prince Édouard de Lobkowicz le 7 janvier 1960
Prince Sixte de Bourbon-Parme (www.sylmpedia.fr)
Prince Charles-Henri de Lobkowicz (static.lexpress.fr)
Château de Bostz à Besson

4. Les Bourbon, Rois des Deux-Siciles

Armoiries :

Au 1, d’azur semé de fleur de lys d’or (France ancien) au lambel de gueules (roi de Sicile d’Anjou) au 2, de Castille parti de Léon, au 3, d’Aragon et des rois de Sicile d’Aragon, au 4, d’or à six fleurs de lys d’azur rangées en pal qui est Farnèse, au 5, d’argent à la croix de Jérusalem d’or, au 6, d’or à six besants de gueules et un écu de France qui est Médicis, le tout sur un écu de France à la bordure de gueules qui est Bourbon-Anjou.

4. LES BOURBON, ROIS DES DEUX-SICILES

Histoire :

En 1734, l’infant Charles de Bourbon (1716-1788), fils de Philippe V, roi d’Espagne, et de sa seconde épouse, Elisabeth Farnèse, conquiert le royaume des Deux-Siciles (composé du royaume de Sicile et du royaume de Naples) ancienne possession des Habsbourg d’Espagne abandonnée lors du traité d’Utrecht.
Par le traité de Vienne de 1735, il se fait ensuite proclamer roi de Naples et de Sicile sous le nom de Charles V. Ainsi fut fondée la maison des Bourbon, rois des Deux-Siciles, seconde branche de la maison royale capétienne de Bourbon, qui régnera sur le sud de la péninsule italienne de 1735 à 1860, date de l’annexion du royaume dans le cadre de l’unification italienne.

La maison de Bourbon-Deux-Siciles donnera 6 souverains (Charles V, Ferdinand III, François 1er, Ferdinand II, François II) qui vont se succéder sur le trône du royaume.

Ordres de chevalerie :

Ordre insigne et royal de Saint Janvier, ordre royal de Saint Ferdinand, ordre sacré, royal, militaire et constantinien de Saint Georges.

Titulatures :

Le chef de maison porte le titre traditionnel de duc de Calabre et son fils celui de duc de Noto avec prédicat d’Altesse Royale.

Chefs de maison :

– S.A.R. le prince Pierre de Bourbon, duc de Calabre (1968)
– S.A.R. le prince Charles de Bourbon, duc de Calabre (1963)

(Patrick GUIBAL)

Pierre de Bourbon-Siciles, duc de Calabre (né en oct 1968) (geneall.fr)
Pierre de Bourbon-Siciles avec son épouse et leurs 7 enfants (Sept. 2017) (noblesseetroyautes.com)
harles de Bourbon, duc de Calabre
Charles de Bourbon-Siciles, duc de Calabre (né en fev 1963) (sylmpédia.fr)

3. Les Bourbon, Rois d’Espagne

Armoiries :

Au 1 et 4, de gueules au château donjonné de trois tours d’or ouvert et ajouré d’azur qui est Castille, au 2 et 3, d’argent au lion de gueules couronné d’or qui est Léon, sur le tout un écu de France à la bordure de gueules qui est Bourbon Anjou.

Histoire :

En 1700, après la mort sans héritier de Charles II, dernier roi d’Espagne de la maison de Habsbourg, Philippe, duc d’Anjou (1683-1746), petit-fils de Louis XIV et neveu de Charles II, devient roi d’Espagne sous le nom de Philippe V, fondant ainsi la maison des Bourbon, rois d’Espagne, branche aînée de la maison royale capétienne de Bourbon.
Ce n’est toutefois qu’en 1713, par le traité d’Utrecht, que Philippe V sera officiellement reconnu roi d’Espagne mais les Bourbon d’Espagne devront dès lors renoncer à leurs droits de succession sur la couronne de France, pour constituer une maison souveraine indépendante.
Entre 1700 et 1931, neuf rois d’Espagne se succéderont (Philippe V, Louis 1er, Ferdinand VI, Charles III, Charles IV, Ferdinand VII, Isabelle II, Alphonse XII, Alphonse XIII). Après l’abdication du roi Alphonse XIII et la proclamation de la République en 1931, la monarchie sera restaurée en Espagne en 1976 après la mort du général Franco.
C’est le petit-fils d’Alphonse XIII qui deviendra alors roi d’Espagne sous le nom de Juan-Carlos 1er. A l’abdication de ce dernier en 2014, c’est son fils qui devient roi d’Espagne sous le nom de Philippe VI.

Devise

« Plus Ultra »

Titulature :

Le roi d’Espagne, porte le prédicat de « Sa Majesté Catholique », l’héritier(e) du trône porte le titre de prince(sse) des Asturies.

Ordres de chevalerie :

Ordre de la Toison d’Or, ordre de Charles III, ordre de Santiago, ordre de Calatrava, ordre d’Alcantara et de Montesa.

Chef de maison :

Sa Majesté Catholique Philippe VI de Bourbon, roi d’Espagne (1968)

(Patrick GUIBAL)

Philippe VI, Roi d'Espagne, en juillet 2016 (Wikipédia)
Le roi Juan Carlos (Restaurateur de la monarchie en Espagne et père de l'actuel roi)

2. Les Bourbon, Roi de France et de Navarre

Armoiries :

D’azur à 3 fleurs de lys d’or qui est France, de gueules aux chaînes d’or posées en orle, en croix et en sautoir, chargées en cœur d’une émeraude qui est Navarre

2. LES BOURBON, ROIS DE FRANCE ET DE NAVARRE

Histoire :

En 1589, à l’extinction de la maison de Valois, Henri de Bourbon, roi de Navarre (1553-1610) issu de Jacques de Bourbon, comte de La Marche, second fils du premier duc de Bourbon, devient, en tant qu’aîné des capétiens, roi de France sous le nom d’Henri IV, fondant ainsi la maison capétienne des Bourbon, rois de France et de Navarre.
Entre 1589 et 1830, elle donnera 7 rois de France et de Navarre, d’Henri IV à Charles X (Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, Louis XVIII, Charles X).
En 1830, Charles X abdiquera au profit de son petit-fils Henri, duc de Bordeaux (plus tard connu sous le nom de comte de Chambord). Mais, le duc d’Orléans, cousin du roi, usurpant la tradition de la succession légitime au trône, se fera alors proclamer roi des Français sous le nom de Louis-Philippe 1er.
En 1883, avec la mort sans descendance du comte de Chambord, appelé d’Henri V par les légitimistes, s’éteindra la branche aînée de la maison royale capétienne de Bourbon
Les royalistes seront dès lors divisés en deux camps :
– Les légitimistes qui reconnaîtront alors comme héritier légitime du trône de France, le chef de la maison de Bourbon, à savoir l’aîné des Bourbon d’Espagne
– Les orléanistes qui, eux, reconnaîtront comme héritier l’aîné de la famille d’Orléans.
Cette situation persiste toujours aujourd’hui.

Ordres de chevalerie :

Ordre du Saint Esprit, ordre de Saint Michel

Cri de guerre :

« Saint Denis Montjoie »

Chefs de maison en 2018

– S.A.R. le prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou (Louis XX) pour les légitimistes, chef de la maison de Bourbon,
– S.A.R. le prince Henri d’Orléans, comte de Paris (Henri VII) pour les orléanistes, chef de la maison d’Orléans

(Patrick GUIBAL)

Louis XX en 2013
Mariage de Louis XX - 6 novembre 2004 (pinterest.fr)
Louis XX et sa famille en 2016 (Lepelerindoccident.files.wordpress.com)

1. Les Ducs de Bourbon, cadet des Capétiens

Armoiries :

D’azur au semis de fleur de lys d’or et au bâton péri en bande de gueules

1. LES DUCS DE BOURBON, CADETS DES CAPETIENS

Histoire :

C’est par le mariage en 1272, de Béatrix de Bourbon, dernière héritière de la lignée des sires de Bourbon établie depuis le Xe siècle à Bourbon-l’Archambault, avec Robert de France, comte de Clermont-en-Beauvaisis, 6e fils du roi Saint Louis, que les Bourbon entrent dans la maison capétienne des rois de France, dont ils allaient dès lors devenir les cadets.
C’est au profit de leur fils, Louis (1280-1342), que le Bourbonnais est érigé en duché en 1327 par le roi Charles IV le Bel.
Pendant deux siècles, de 1327 à 1527, 9 ducs de Bourbon vont se succéder : Louis 1er, Pierre 1er, Louis II, Jean 1er, Charles 1er, Jean II, Charles II, Pierre II et Charles III, plus connu sous le nom de Connétable de Bourbon.
Tout au long de ces deux siècles, le duché de Bourbonnais, par le jeu des acquisitions, mariages et successions, verra sa taille multiplier par trois par l’adjonction notamment de l’Auvergne, du Beaujolais, du Forez, des Combrailles ou de la Dombe.
En 1527, avec la mort sans descendant du dernier duc Charles III, la branche des ducs de Bourbon s’éteindra et le duché sera définitivement rattaché à la couronne de France en 1532.

Devise :

« Espérance »

Titulatures :

Duc de Bourbonnais, d’Auvergne et de Châtellerault, comte de Clermont-en-Beauvaisis, de Forez, de Montpensier, de La Marche et de Gien, dauphin d’Auvergne, prince de Dombes, vicomte de Carlat et de Murat, baron de Beaujolais, de Bourbon-Lancy, de Combrailles, d’Annonay et de Thiers

(Patrick GUIBAL)

Louis 1er (upload.wikimedia.org)
Charles III
Palais Ducal à Moulins (www.paysdauvergne.fr)
Chantelle - château du duc Pierre de Bourbon et de la duchesse Anne.

5) Ducs de Bourbon. 3ème partie – L’épisode du Connétable Charles III

Charles III
Suzanne de Bourbon (www.chama.fr)
Louise de Savoie (www.allymes.net)
Procès du Connétable (www.larousse.fr)
La mort du Connétable et le sac de Rome (www.larousse.fr)

3ème Maison de Bourbon (3ème partie)
L’épisode du Connétable Charles III

Le mariage arrangé
Anne et Pierre de Beaujeu n’ayant eu qu’une fille, Suzanne, théoriquement, d’après le testament de Louis II, leurs possessions auraient dû revenir à la couronne. Mais le roi Louis XII, avec lequel les Bourbons s’étaient réellement, avait abandonné ses prétentions sur le duché et annulé la clause d’apanage, pour que Suzanne puisse hériter. Pierre II voulait marier Suzanne au duc d’Alençon, deuxième dans l’ordre de succession au trône (après François d’Angoulême, futur François Ier), mais en raison du décès de Pierre le mariage est reporté. Cependant, la branche cadette des Bourbon Montpensier, issue de Jean Ier, réclame des droits sur le Bourbonnais. En 1489, Pierre II avait été obligé par le parlement de signer une déclaration par laquelle, en l’absence d’héritier mâle, la branche cadette des Montpensier pourrait hériter. Ceux-ci n’acceptent pas d’être privés de leurs droits par les libéralités octroyées par Louis XII et la donation au dernier vivant -autorisée par Charles VIII- que s’étaient faite Pierre II et Anne. Anne de Beaujeu, devant ces recours juridiques, décide de prendre tout le monde de court. Elle fait annuler le projet de mariage avec le duc d’Alençon et décide de marier Suzanne au dernier descendant des Montpensier, Charles -le futur célèbre connétable de Bourbon-, qu’elle connaît bien (il vit à Moulins depuis la mort de son père et de son frère aîné) et qu’elle apprécie. Ils sont très jeunes -Charles a quinze ans et Suzanne quatorze-, mais qu’importe ! Anne espère ainsi couper court à toute contestation, qu’elle vienne de la Couronne ou des Montpensier. Le contrat de mariage, en 1505, est ciselé : Anne, en tant que légataire universelle de Pierre II, fait don de toutes ses possessions à Suzanne et à Charles. Charles apporte dans la corbeille de mariage ses propres terres : les comtés de Montpensier et de Clermont (en Auvergne cette fois-ci !), la seigneurie de Mercoeur et le dauphiné d’Auvergne. Les deux époux se font également une donation au dernier vivant et à leurs futurs descendants de tous leurs biens. Le roi Louis XII n’y trouvant rien à redire, Charles III se retrouve donc, après son mariage, duc de Bourbon, d’Auvergne, de Châtellerault, comte de Clermont en Beauvaisis, de Montpensier,de Forez, de la Marche, de Gien, de Clermont en Auvergne, vicomte de Carlat et de Murat, seigneur de Beaujolais, de Combrailles, de Mercoeur, d’Annonay, de la Roche en Régnier, de Bourbon Lancy, et prince de Dombes. C’est le deuxième personnage du royaume après le roi. Seule Louise de Savoie, mère du futur François Ier et cousine germaine de Suzanne proteste… Louis XII confirme Charles III grand chambrier de France et gouverneur du Languedoc. Charles III conquiert ses lettres de noblesse dans les guerres d’Italie du nord, ainsi qu’en Bourgogne. Il est même tellement brillant qu’il inquiète… Son cousin François d’Angoulême se marie avec la fille de Louis XII, Claude de France, en 1514. Charles, Anne et Suzanne sont de la cérémonie bien entendu. Tout oppose Charles et François : autant le duc de Bourbon est sérieux, bon gestionnaire, autant François est frivole et outrageusement dépensier, surtout depuis son mariage avec Claude, car il puise directement dans les caisses du royaume, ce qui a le don de mettre le vieux Louis XII en colère. Louis XII qui d’ailleurs ne tardera pas à décéder sans héritier mâle.

Le début des ennuis
François Ier, premier successible, devient roi en 1514. Louise de Savoie, qui en avait fait une fixation, exulte et compte bien le manipuler pour assouvir sa propre ambition et sa vengeance contre Anne de Bourbon, qu’elle déteste. François Ier nomme Charles connétable en 1515, car les rapports entre les deux hommes sont encore bons à ce moment-là. En tant que connétable, il réorganise l’armée et part avec François Ier pour la campagne d’Italie. C’est la victoire de Marignan contre les Suisses, en … 1515 bien sûr ! Cette victoire doit beaucoup au duc, et il est nommé gouverneur du duché de Milan. Puis Charles et le roi regagnent Moulins où les attendent Anne, Suzanne, la reine Claude et Louise de Savoie, et fêtent la victoire. Mais des tensions apparaissent ensuite assez rapidement, pour des questions d’argent, car Charles a engagé de gros frais pour la campagne d’Italie et diverses autres opérations, et François Ier fait la sourde oreille pour le dédommager. De plus, ses pensions ne lui sont pas versées régulièrement, voire pas versées du tout. La chambre des comptes à Moulins, qui fait office de ministère des finances du Bourbonnais, rend son rapport sur le manque à gagner qui est phénoménal (plusieurs centaines de milliers de livres). Un événement met ces problèmes entre parenthèses pendant un instant : Suzanne, contre toute attente, est enceinte et accouche d’un petit François, titré comte de Clermont comme le veut la coutume, en 1517. François Ier en est le parrain. Les Bourbons déploient alors un faste grandiose, ce qui fera penser au roi que le duc n’a finalement pas tant besoin d’argent qu’il le dit. En 1518, c’est au tour de François Ier d’être père. Anne de Beaujeu est la marraine du petit dauphin. Là aussi, le faste déployé est invraisemblable, surtout si on considère le piteux état des finances royales. Pendant ce temps, Charles Quint est élu Empereur Germanique contre François Ier qui se présentait aussi. Peu de temps après, un drame survient : le comte de Clermont meurt. Charles et Suzanne essaient d’avoir d’autres héritiers mais n’y parviendront pas. Le Bourbonnais est à nouveau en danger… Suzanne, déjà de santé fragile est affaiblie par des fausses couches ou l’accouchement d’enfants morts nés. Conseillée par sa mère, elle couche Charles sur son testament en 1519. Sage précaution car l’héritière la plus proche de Suzanne n’est autre que… Louise de Savoie !

Le Camp du Drap d’Or
En 1520, une rencontre est organisée entre les rois de France et d’Angleterre pour tenter de réchauffer les relations entre les deux pays. Toute la noblesse est là, il y a moult joutes et ripailles. Le roi d’Angleterre remarque à cette occasion Charles III, qui lui a fait présent d’un cheval magnifiquement harnaché. Il dira de lui “mon frère de France a dans monsieur le connétable un sujet dont je ne voudrais mie être le maître. Dans tous les cas fera-t-il bien de ne pas trop ferrer le mors de ce fier coursier, car il me paraît prompt à regimber. C’est un vassal qui aimera toujours mieux sentir la main d’un ami que celle d’un maître.”

Le procès
Suzanne meurt en 1521, à seulement dix-huit ans. Charles et Anne sont effondrés, mais c’est déjà la guerre avec Charles Quint et Charles III est appelé au front par le roi. La victoire n’est pas au rendez-vous, et Louise de Savoie intrigue pour que le commandement de l’avant-garde soit enlevée au connétable. Charles est véritablement ulcéré. De plus, dès le décès de Suzanne, Louise réclame la succession. Elle fait toutefois préciser que si le connétable, dont elle était secrètement amoureuse depuis des années, acceptait de l’épouser, elle renoncerait à ses droits. Bien que cela aurait été très avantageux pour lui -elle lui aurait apporté en plus l’Angoumois, la Touraine, l’Anjou et le Maine-, et que ce soit François Ier en personne qui lui en fasse part, Charles refuse vigoureusement, traitant même Louise de “femme sans pudeur”! On imagine la réaction de François Ier… Anne de Beaujeu, toujours aux aguets, voyant les ennuis arriver, rédige rapidement un testament dans lequel elle fait donation de tous ses biens à Charles. Le procès en héritage commence. Le parlement est plutôt favorable aux Bourbons, car la légalité joue en leur faveur : Charles VIII avait reconnu à Pierre II le droit de disposer librement de ses biens, Louis XII avait annulé la clause d’apanage, Pierre II avait reconnu les droits des Montpensier, il y a le contrat de mariage de Suzanne et Charles, le testament de Suzanne puis celui d’Anne, et pour parachever le tout le contrat de mariage de Marguerite de Bourbon, mère de Louise, qui renonçait à toute prétention sur l’héritage familial par son mariage avec Philippe de Savoie. Louise n’a donc légalement aucun droit sur l’héritage des Bourbons. Mais quand l’une des parties au procès est la mère du roi, le droit s’adapte… Les conseillers sont dans une situation délicate : soit ils se déshonorent en prononçant un verdict qu’ils savent injuste, soit ils prennent le risque de s’aliéner le roi. Du coup ils préfèrent ajourner le procès. Sans attendre les conclusions futures, François Ier commence à distribuer les biens des Bourbons à sa mère ! Louise de Savoie fait hommage au roi pour les duchés de Bourbonnais et d’Auvergne et les autres possessions des Bourbons en octobre1522, comme s’ils lui appartenaient déjà. Anne conseille alors à Charles de faire alliance avec Charles Quint, puis rend son dernier soupir à Chantelle un mois plus tard.

La révolte et la fuite
Le roi fait immédiatement saisir tous les biens d’Anne (notamment le comté de Gien et la seigneurie de Creil) pour les donner à sa mère. Charles crie au vol. Bien moins fin politicien que sa belle-mère, pétri d’idéal chevaleresque, il est désemparé devant les coups bas qui pleuvent sur lui. Il se résout donc à demander l’appui de Charles Quint. Après tout, il est son vassal pour la principauté de Dombes. Les tractations commencent avec l’empereur et le roi d’Angleterre, dont un projet de mariage avec la soeur de Charles Quint, Eléonore. François Ier, qui a vent des tractations, cherche à l’humilier et à l’affaiblir encore d’avantage. Charles se décide alors à signer un traité secret avec Charles Quint et Henri VIII d’Angleterre. Le traité prévoit un mariage avec une des soeurs de l’empereur, assorti d’une dot importante, et la création d’un royaume formé du Bourbonnais, de l’Auvergne, du Dauphiné et de la Provence pour lui et sa femme. En contrepartie, Charles s’engage à aider Henri VIII et Charles Quint à attaquer la France, en s’emparant de certaines provinces. Le roi est informé de ce traité. Il investit Moulins où le duc est alité, malade, et lui propose une réconciliation assortie de fausses promesses. Le duc n’est pas dupe et refuse. Il est laissé sous la garde du chambellan du roi. Charles, sans doute pour gagner du temps, écrit au roi, à la reine, à Louise et à d’autres, jurant que sa rébellion n’a d’autre origine que la spoliation dont il a été victime et qu’il renouvellera son allégeance au roi si l’injustice est réparée. Mais il n’y a plus aucune confiance entre les deux hommes. Jacques de Chabannes est déjà en route pour l’arraisonner. Charles, qui se trouve dans sa forteresse de Chantelle, part à la dérobée une nuit de septembre 1523 avec quelques fidèles. Leurs chevaux sont ferrés à l’envers pour brouiller les pistes. Après des semaines d’errance pour passer les frontières -sa tête est mise à prix-, il arrive à St Claude en terre d’empire. Là il essaie de regrouper les fidèles qui lui restent, et François Ier fait encore une tentative pour le faire revenir, lui promettant le pardon et la restitution de ses possessions et rentes. Charles bien évidemment n’en croit rien. Il abandonne à ce moment la devise “Espérance ” des ducs pour “Omni spes in ferro : Tout mon espoir est dans le fer” et “Victoire ou mort”.

Les guerres d’Italie
Charles, nommé lieutenant général, guerroie en Italie du nord contre les troupes françaises, et défend victorieusement Milan -le célèbre chevalier Bayard trouvera la mort pendant la retraite de l’armée française. Il entre en Provence mais après quelques succès échoue devant Marseille. Les troupes françaises avancent et reprennent alors Milan. Emporté par l’enthousiasme, François Ier met le siège devant Pavie. Il réussit plusieurs percées, mais au final c’est un désastre pour l’armée française, qui perd 10 000 hommes et de nombreux nobles, comme le Maréchal de La Palice, dont la mort est à l’origine de la fameuse maxime : “Hélas, La Palice est mort. Il est mort devant Pavie. Hélas s’il n’était pas mort, il ferait encore envie”. La graphie du s et du f étant quasiment similaires à l’époque, le “ferait” s’est transformé en “serait”, donnant naissance aux “lapalissades” ou “vérités de La Palice”. François Ier est fait prisonnier. Il est emmené en Espagne. Or Charles Quint et Henri VIII d’Angleterre sont plutôt enclins à négocier qu’à poursuivre les hostilités contre la France, dont les armées sont toujours redoutables, avec Louise de Savoie comme régente.

Le traité de Madrid
En 1526, par le traité de Madrid, François Ier, en échange de sa libération, accepte diverses conditions (restitution de la Bourgogne, abandon des revendications en Italie du nord, mariage avec la soeur de Charles Quint qui avait pourtant été promise au Connétable) et surtout promet la restitution à Charles III de tous ses biens sans qu’il doive rendre hommage au roi pour ceux-ci. Charles pourra aussi négocier l’acquisition de la Provence et son procès en héritage sera suspendu jusqu’à son décès. Mais François Ier, qui est décidément bien loin de l’image idyllique que l’histoire en donnera par la suite, rédige secrètement devant notaire un texte dans lequel il dénonce les termes du traité et considère que ses concessions seront nulles et non avenues. Sitôt libéré et rentré en France, il s’appuiera sur ce texte pour revenir sur ses promesses.

Le sac de Rome et la fin du Connétable
Charles, qui a compris que François Ier et Charles Quint s’étaient plus ou moins entendus à ses dépends, ne croit plus qu’en lui-même. De retour en Milanais où les hostilités ont repris, Charles, devant le peu de soutien militaire et financier offerts par l’empereur, rassemble les troupes qui lui restent avant qu’elles se mutinent et fonce vers les états pontificaux pour trouver de l’argent pour payer ses mercenaires. Cette troupe formée de bric et de broc est totalement autonome et ressemble de plus en plus à une bande de pillards. Ils arrivent sous les murs de Rome en mai 1527. L’assaut a lieu rapidement, et le Connétable meurt d’une blessure à l’aine en montant aux remparts. Ses hommes réussissent à prendre la ville et la mettent à sac. Il s’ensuit une semaine d’orgies et de violences. En partant, ses hommes emmènent avec eux le corps de leur chef et l’enterrent au château de Gaëte dans le royaume de Naples. Charles fut évidemment excommunié post mortem pour avoir pris Rome, sanction qui ne sera levée que trois siècles plus tard. François Ier rouvre le procès de Charles, qui est condamné pour trahison. Ses biens sont confisqués (avec un semblant de légalité cette fois-ci) et rejoignent la Couronne. Les façades du splendide Hôtel de Bourbon, près du Louvre, construit par le duc Louis II, sont badigeonnées de jaune, couleur des traîtres, et les motifs aux armes et écussons des Bourbons sont martelés. C’est la fin du Bourbonnais indépendant, et le début de la légende de “la trahison du Connétable de Bourbon”. Les lecteurs qui auront eu le courage d’arriver jusqu’ici pourront maintenant se faire leur propre opinion !

(source : « micbourbonnais.free.fr »

4) Ducs de Bourbon. 2ème partie de Jean Ier à Pierre II

Pierre II (détail du tryptique de la cathédrale de Moulins)
Jean Ier (upload.wikimedia.org)
Jean II (www.wikitree.com)
Devise Espérance (www.forez-info.com)
Pierre II (détail du tryptique de la cathédrale de Moulins)
Anne de Beaujeu (détail du tryptique de la cathédrale de Moulins)
Lettres P et A (dame-licorne.pagesperso-orange.fr)

3ème Maison de Bourbon ( 2ème partie)
Jean Ier, Charles Ier, Jean II, Charles II et Pierre II)

Lorsque Jean Ier succède à Louis II en 1410, il prend le parti des Armagnacs, vers lequel inclinait déjà son père. Les Bourguignons envahissent alors le nord-est du Bourbonnais et menacent Moulins.
Sa mère, Anne d’Auvergne, réussit à les contenir et négocie un mariage entre les deux familles, ce qui met fin à l’invasion. Jean Ier est fait prisonnier lors de la bataille d’Azincourt. Il restera dix-huit ans prisonnier en Angleterre (dans des conditions toutefois très confortables) où il mourra. Pendant la captivité du duc, Marie de Berry administre le Bourbonnais. Charles, fils de Jean Ier, comte de Clermont, épouse contraint et forcé Anne de Bourgogne, fille de Jean sans Peur, en 1425. En 1429, Jeanne d’Arc séjourne à Moulins, et à la demande de Charles s’empare de St Pierre le Moutier.
Charles Ier devient duc en 1434. Après une guerre éclair perdue contre les Bourguignons il s’efforce de rester neutre entre le parti du dauphin et celui du duc de Bourgogne, ce qui arrange tout le monde, aucun des clans n’étant désireux de voir ce vaste domaine, même fortement affaibli, passer résolument du côté adverse. Charles Ier change souvent de camp au cours des hostilités -ce qui lui vaut une réputation posthume peu flatteuse- puis finit par se poser en conciliateur. Il participe activement aux tractations du Traité d’Arras.
La révolte de la Praguerie
Pendant la guerre avec la Bourgogne, Charles Ier avait eu recours à des mercenaires. Ceux-ci étaient souvent restés sur place et terrorisaient les habitants. Parmi eux deux demi-frères bâtards du duc et un célèbre aventurier, Villandrando. Celui-ci était devenu tellement influent qu’il s’était même marié avec une fille naturelle du duc Jean Ier, et avait récupéré la seigneurie d’Ussel et celle de Montgilbert. Le roi Charles VII, pressé par une conspiration dont fait partie le duc, vient en Bourbonnais, occupe Montmarault et chasse Villandrando et nombre de routiers, aidé ponctuellement en cela par des paysans excédés par leurs exactions. Pour éviter que ce genre de situation ne se reproduise, le roi décrète que nul autre que lui ne peut lever des gens de guerre -sauf autorisation expresse- ou nommer des capitaines. Cette grave atteinte aux privilèges des féodaux passe très mal parmi les seigneurs.
Les nobles se rebellent : c’est la révolte de la Praguerie, à laquelle participent les grands feudataires, dont Charles Ier, et le dauphin en personne -le futur Louis XI. Le roi réagit vigoureusement : il envahit le Bourbonnais au printemps 1440, et bientôt tout le sud du duché tombe : Chambon, Evaux, Montaigut en Combrailles, Ebreuil, Escurolles, Charroux, Aigueperse, St Pourçain, Vichy, Cusset, Varennes, Lapalisse… Le duc et ses alliés, réfugiés à Moulins, comprennent que leur cause est perdue et se rendent à Cusset où se trouvait le roi pour lui demander son pardon. La paix est signée le 17juillet 1440 à Cusset et le roi pardonne effectivement aux rebelles. Il en profite pour prévoir le mariage de sa fille Jeanne avec le comte de Clermont, futur Jean II (mariage effectif en 1446). Pendant ce temps, la guerre de Cent Ans tourne de plus en plus à l’avantage des Français et se terminera officiellement en 1475.
La Ligue du Bien Public
Jean II succède à Charles Ier en 1456. Du temps où il était comte de Clermont, il s’était déjà fait remarquer sur le champ de bataille pendant la guerre de Cent Ans, à tel point qu’il était surnommé “le Fléau des Anglais”. Mais le roi Louis XI, roi centralisateur, veut reprendre l’ascendant sur les nobles du pays. En 1461, il retire à Jean II le gouvernement de la Guyenne et sa pension. D’autres grands nobles sont également victimes de mesures vexatoires.
En 1464, sous la houlette du duc de Berry, le frère du roi, et du comte de Charolais, ils créent la Ligue du Bien Public, dont fait partie Jean II, dans le but de remplacer le roi par un régent. La guerre est inévitable. En 1465 les armées royales envahissent à nouveau le Bourbonnais. Le roi et ses alliés, dont le duc de Milan, prennent St Amand Montrond et Montluçon, St Pourçain, Verneuil, Escurolles, Gannat, Billy, ravagent le Forez et le Beaujolais, mais Moulins résiste. Jean II contre-attaque en occupant la Normandie et l’Orléanais. Pendant ce temps les troupes royales qui étaient remontées en hâte vers le nord affrontent les Bourguignons (encore eux) au sud de Paris. Le roi se replie dans Paris qui se retrouve assiégée par les Bourguignons et les Bretons, rejoints par d’autres. Voyant que l’issue du conflit était très incertaine, le roi préfère faire la paix vers la fin d’année 1465, par trois traités séparés. Certains des frondeurs sont punis, d’autres pardonnés et même récompensés. Jean II, que leroi ne souhaitait pas s’aliéner durablement, retrouve sa pension et est nommé lieutenant général, ce qui lui donne autorité sur tout le centre et le sud de la France. Il est aussi nommé dans le nouvel Ordre de St Michel. Mais le roi joue double jeu : pour affaiblir Jean II, il marie en 1474 sa fille Anne de France au frère de celui-ci, Pierre de Bourbon, dit Pierre de Beaujeu. Il oblige aussi Jean II à donner en apanage à Pierre et Anne le Beaujolais, le comté de Clermont (en Beauvaisis), la Marche et la Combraille. A la mort du roi Louis XI, Anne de Beaujeu exerce la régence car Charles VIII n’a que treize ans. Le jeune roi nomme la même année (1483) Jean II connétable de France. Jean II fut pendant son règne un grand mécène ami des arts, entretenant une cour brillante à Moulins, et s’essayant lui-même à la musique et à la poésie.
Jean II meurt sans héritier légitime. C’est son frère, Charles II, cardinal archevêque de Lyon et Primat des Gaules, qui lui succède en 1488. Il avait fait partie du conseil du roi Louis XI avec Pierre de Beaujeu, et était le parrain du roi Charles VIII. Mais lorsqu’il devient duc de Bourbon, il est âgé pour l’époque, -54 ans- et usé par les plaisirs. Et surtout il a en face de lui Anne de France, régente du royaume -régence qu’elle prolongera presque sept ans après la majorité légale de Charles VIII-, maîtresse femme ambitieuse au caractère bien trempé, rompue à l’exercice du pouvoir et aux roueries de la politique, dont le roi Louis XI avait dit d’elle : “elle est la moins folle des femmes de France, car de sage il n’y en a point” et dont les chroniqueurs s’accordaient à dire que mis à part pour le sexe, le charme et la grâce, elle n’était point différente des hommes (ce qui, vu la misogynie de l’époque, était un sacré compliment). Dès le début de la régence, Anne avait dû contenir une révolte des grands nobles qui voulaient la régence (la Guerre Folle, emmenée par le duc Louis II d’Orléans, futur roi Louis XII) et mener la guerre contre le duc de Bretagne puis préparer le rattachement de la Bretagne au royaume. Sans coup férir, elle s’empare de Moulins et des principales places fortes bourbonnaises, et après quelques semaines Charles II est contraint d’abandonner ses droits et ses titres moyennant une rente viagère. Il décède quelques mois plus tard.
Pierre II devient duc en 1488 donc, et Anne devient duchesse à plein temps à partir de 1491 : depuis le mariage du roi Charles VIII avec Anne de Bretagne elle n’a plus en charge la régence, et peut se consacrer entièrement au Bourbonnais. Ils passent à la postérité sous le nom de Pierre et Anne de Beaujeu, du nom de la seigneurie qu’ils détiennent dans le Beaujolais. Sous leur règne, le Bourbonnais atteint ses dimensions maximales et aussi son apogée culturelle et politique. Il devient un véritable Etat dans l’Etat. Depuis le rattachement de facto de la Bretagne, c’est le dernier duché encore indépendant. Il comprend, outre le Bourbonnais proprement dit, l’Auvergne, la Marche, le Beaujolais, le Forez, Clermont en Beauvaisis, et les apports de Pierre II : les comtés de Gien et de Châtellerault, les vicomtés de Carlat et Murat, la seigneurie de Bourbon Lancy. Ils sont aussi princes de Dombes, en terre d’Empire, principauté pour laquelle ils ne relèvent donc pas du roi. De par toutes les charges honorifiques qu’ils ont accumulées, et grâce aux revenus de leurs vastes territoires, les ducs disposent d’énormes moyens financiers, largement comparables à ceux de la couronne. Pendant la campagne d’Italie de Charles VIII (1494-1495), la France est confiée à Pierre II qui administre le pays depuis Moulins. Le palais ducal de Moulins est agrandi (actuel pavillon Anne de Beaujeu) dans le nouveau style à la mode découvert en Italie : la Renaissance. A la Cour de Moulins se pressent les plus grands artistes et lettrés (dont le fameux Maître de Moulins, peintre du triptyque de la Vierge). De grands travaux sont aussi entrepris à Bourbon et surtout à Chantelle où Anne réside souvent. A la mort du roi Charles VIII en 1498, les ducs ne s’opposent pas à Louis d’Orléans, qui devient Louis XII et fait annuler son mariage avec Jeanne de France (la sœur d’Anne) pour se remarier avec Anne de Bretagne, veuve de Charles VIII. Pierre II meurt en 1503 et a droit à un enterrement grandiose. Anne de France continue de diriger le Bourbonnais avec habileté. Mais elle est inquiète : de son mariage avec Pierre était né un fils, Charles, comte de Clermont, qui malheureusement est mort jeune (1476-1498). Ils ont eu une fille sur le tard, Suzanne, née en 1491 (Anne avait 30 ans et Pierre 53 ans). Suzanne n’a pas un physique agréable et est de faible constitution. En vertu du testament de Louis II (vous vous rappelez ?), l’avenir du duché semble bien sombre…
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Les sites

Moulins – Le Tryptique du Maître de Moulins dans la cathédrale

Moulins – Le Pavillon Anne de Beaujeu

Chantelle – L’Abbaye

3) Ducs de Bourbon. 1ère partie de Louis Ier à Louis II

Louis II (upload.wikimedia.org)
Louis 1er (upload.wikimedia.org)
Pierre Ier (www.pinterest.fr)
Louis II (upload.wikimedia.org)
La Tour Qui qu'en Grogne à Bourbon l'Archambault (medias.sit.auvergne-tourisme.info)
Chateau de Montgilbert à Ferrières sur Sichon
Devise Espérance (www.forez-info.com)

3ème Maison de Bourbon (1ère partie)
Louis I, Pierre Ier, Louis II

Béatrix de Bourbon et Robert de Clermont marquent le début de la troisième maison de Bourbon, qui, grâce à cette alliance royale, connaîtra un destin exceptionnel. Robert, handicapé par un violent coup reçu sur le crâne lors d’un tournoi, ne joue pas un rôle important, laissant Béatrix administrer avec sagesse le Bourbonnais. Elle disparaît en 1310 à Murat, où elle tenait sa cour.
Louis Ier dit le Boiteux puis le Grand devient sire de Bourbon en 1310. Très proche du roi Philippe IV le Bel, il participe en tant que comte de Clermont (en Beauvaisis -c’est ainsi qu’on désigne dorénavant l’héritier du duché de Bourbon- à la campagne des Flandres et est présent lors d’importantes cérémonies (couronnement du pape Clément V, mariage de la soeur du roi à Londres et sacre d’Edouard II), pendant lesquelles il s’endette en menant grand train, au point que Béatrix doit mettre en gage quatre châtellenies ! Il est ensuite nommé grand chambrier de France, fonction hautement honorifique et assortie de moyens financiers conséquents. Il fonde la Sainte Chapelle de Bourbon en 1315 pour y abriter les précieuses reliques données par St Louis à Robert de Clermont. Il agrandit aussi considérablement le château de Moulins, ainsi que celui de Chantelle. Rêvant d’Orient et de croisades, il achète au duc de Bourgogne le titre de roi de Thessalonique pour une forte somme. Mais la guerre franco-anglaise l’oblige à se concentrer sur l’Aquitaine, où il conquiert l’Agenais et la Guyenne (sauf Bordeaux). Pour le remercier, Charles IV le Bel, le nouveau roi, né à Clermont en Beauvaisis, lui échange ce fief contre le comté de la Marche, Issoudun, St Pierre le Moutier et Montferrand. En 1327 il érige la baronnie de Bourbon en duché. L’année suivante le roi Philippe VI lui reprend Issoudun, St Pierre le Moutier et Montferrand mais lui rend le comté de Clermont, qu’il érige en pairie à cette occasion. Louis Ier devient donc un des personnages les plus importants du royaume (il n’y avait à l’époque que quatre duchés, ceux de Bourbon, de Bretagne, de Guyenne et de Bourgogne, et la pairie constituait l’ultime honneur, partagé seulement par quelques élus). Louis Ier récupère aussi Veauce et Montaigu le Blin, et continue de s’illustrer sur les champs de bataille -de nouveau en Flandres- et à mener des opérations diplomatiques avec l’Angleterre. Il laisse deux fils, Pierre et Jacques. La branche aînée issue de Pierre continuera à régner sur le Bourbonnais jusqu’à la fin, alors que la branche cadette issue de Jacques obtiendra le trône de France bien des années plus tard. Il laisse aussi une fille, Marie, mariée au fils du roi de Chypre, qui une fois veuve se remariera à l’empereur latin de Constantinople Robert de Sicile.

La guerre de Cent Ans
En 1337, Edouard III d’Angleterre se proclame roi de France, déclenchant la guerre de Cent ans (1337-1453). En effet, le roi de France Charles IV le Bel meurt en 1328 sans héritier mâle. C’est la fin des Capétiens directs. Son cousin Philippe de Valois devient roi (Philippe VI). Or la mère d’Edouard III, Isabelle de France, est la fille de Philippe le Bel. Les règles de succession par les femmes au trône de France étant très floues à ce moment-là, il s’ensuit un imbroglio dynastique où chacun revendique le trône avec plus ou moins de bonne foi. Les possessions étendues des rois d’Angleterre dans l’ouest de la France ne font qu’attiser le problème. La guerre fait rage et démarre mal pour les Français, les défaites s’accumulent, le roi Jean II le Bon est fait prisonnier, le Prince Noir, fils d’Edouard III, ravage tout le sud-ouest à tel point que plus d’un tiers de la France passe sous contrôle anglais. Le traité de Brétigny (dit aussi Traité de Calais) met fin -provisoirement- aux hostilités en 1360. Edouard III d’Angleterre, en échange de sa renonciation au trône de France et de la libération de Jean II, obtient tout le centre-ouest de la France, plus Calais et d’autres terres dans le nord. En revanche il renonce au duché de Normandie et à d’autres fiefs. Pour ne rien arranger, la peste noire se répand en France dès 1348 et en Angleterre dès 1360, tuant près de la moitié de la population de ces deux pays.
Pierre Ier succède à son père en 1342. Il est marié à la soeur du roi, Isabelle de Valois. Il doit faire face aux troubles de la guerre de Cent Ans. Des bandes de pillards, les “routiers”, écument le pays, dont l’ouest du Bourbonnais. Pierre Ier meurt à la bataille de Poitiers en 1356 en protégeant le roi Jean II le Bon. Ayant mené grand train, il finit criblé de dettes, à tel point qu’à sa mort son corps est gardé comme monnaie d’échange par ses créanciers et qu’il est excommunié jusqu’à ce que son fils règle ses dettes ! Sa fille Jeanne deviendra reine de France en se mariant au futur Charles V, et sa fille Blanche reine de Castille par son mariage avec Pierre le Cruel.
Son fils Louis II dit le Bon lui succède en 1356. Il se choisit comme emblème un cerf ailé. En 1360 il fait partie des otages envoyés en Angleterre pour garantir l’exécution du traité de Brétigny. Louis II restera sept ans otage à Londres (où il mènera un tain de vie dispendieux). Sa mère administre tant bien que mal le duché en son absence en cette période troublée. Elle doit faire face aux routiers, au Pince Noir, à la peste, et payer les dépenses de son fils à Londres. Le routier anglais Robert Knowles occupe Cusset mais échoue devant St Pourçain. Le Pince Noir attaque Bourbon l’Archambault en
1356 et 1359. Jaligny résiste à un long siège en 1363.A son retour en 1366, Louis II trouve une douzaine de places fortes occupées par les Anglais, des châteaux en ruines, et des caisses vides…
En 1369, la guerre avec les Anglais reprend officiellement ; les routiers réussirent même à capturer
Isabelle de Valois en assiégeant Belleperche, et si Louis II peut reprendre la forteresse, la duchesse douairière restera leur prisonnière pendant trois ans. Louis II, rallie ses vassaux -qui ne s’étaient pas tous bien conduits pendant son absence-, en décrétant une amnistie générale après avoir jeté au feu le livre où avaient été consignés tous leurs méfaits, et en fondant l’ordre de chevalerie l’Ecu d’Or et sa ceinture Espérance, avec la devise Allen (pour tous). Il écrase les routiers entre 1367 et 1369. En 1371 il se marie à Anne Dauphine d’Auvergne, récupérant au passage le Forez et Thiers. Saint Amand Montrond est intégrée au duché, de même que Abrest, Châtel Montagne, St Germain des Fossés. Il fait entrer Vichy dans le giron bourbonnais par étapes, de 1372 à 1384. En 1400 il récupère le Beaujolais et la principauté de Dombes -cette dernière se trouvant alors en terre d’Empire-, convoités par le duc de Bourgogne, et acquiert la Combraille. Pendant ce temps la chrétienté est secouée par le Grand Schisme d’Occident de 1378 et la lutte des papes d’Avignon et de Rome se superpose à la guerre de Cent Ans.
Louis II fut un grand administrateur, en plus d’être un bon militaire. A Vichy, il érige des murailles et construit le couvent des Célestins au-dessus de la source du même nom. Il fortifie aussi de nombreuses villes (Montluçon, où l’on peut toujours voir le château ducal, Varennes, Vichy), améliore et répare les défenses de places fortes (par exemple Bourbon, notamment en construisant la fameuse tour Qui qu’en Grogne). Il installe sa Cour à Moulins, où il crée une chambre des comptes en 1374 ; suite à l’arrivée massive de “fonctionnaires” et à grands travaux, la ville se transforme en véritable capitale. Il réorganise le duché et sa justice. Il participe aussi au “gouvernement des oncles” du roi Charles VI pendant sa minorité, avec les ducs d’Anjou, de Berry et de Bourgogne.

L’affaire du mariage et du testament
Il marie son fils Jean (futur Jean Ier de Bourbon) à Marie de Berry, fille du duc de Berry, petite fille du roi Jean le Bon. Ici se joue l’avenir du duché : dans le contrat de mariage, il est dit que l’Auvergne et Montpensier (propriétés du duc de Berry) reviendront à Marie et Jean ou à leurs descendants. Louis II est satisfait, car les ducs de Bourbon recherchaient depuis longtemps un moyen de s’approprier l’Auvergne. Néanmoins, ces terres devraient revenir à la couronne en cas d’absence d’hériter mâle. Pour des raisons mal définies, peut-être en contrepartie de cet avantage, Louis II stipule dans son testament que ses possessions reviendront à Jean et Marie ou à leur descendance -ce qui est logique-, mais deviennent des apanages, c’est à dire qu’en l’absence d’héritier mâle à un moment ou à un autre de la lignée, le duché de Bourbon et le comté de Clermont (Clermont en Beauvaisis, faut-il le rappeler ?) reviendront à la couronne, alors que jusque-là ils pouvaient se transmettre par les femmes. Louis II fut donc à la fois le créateur de l’Etat Bourbonnais et l’artisan involontaire de son anéantissement un siècle plus tard par François Ier et sa mère. Louis II meurt en 1410 à Montluçon, alors que commence la guerre entre Armagnacs et Bourguignons.
Les Armagnacs contre les Bourguignons
En plus de la guerre contre les Anglais, les Français sont divisés entre partisans des Armagnacs menés par le duc d’Orléans, -frère du roi Charles VI, devenu fou-, et des Bourguignons menés -comme il se doit- par le duc de Bourgogne qui fut régent. En 1407 Jean sans Peur, duc de Bourgogne, voyant son influence et ses revenus diminuer, fait assassiner le duc Louis d’Orléans, déclenchant la guerre civile. Battus à Soissons en 1414, les Bourguignons semblent avoir perdu la partie. Mais les Anglais profitent de la guerre civile pour attaquer et les Français sont écrasés à Azincourt en 1415. Jean sans Peur est à son tour assassiné en 1419. Le traité d’Arras met fin aux hostilités entre partisans du dauphin et
Bourguignons en 1435. Le dauphin est reconnu roi et la Bourgogne obtient une quasi-indépendance.

(source « micbourbonnais.free.fr »)

2) Les Sires de Bourbon

Blason des Sires de Bourbon
Longvé à Bressolles (www.randos-allier.com)
La Prieurale de Souvigny (medias.sit.auvergne-tourisme.info)
La Forteresse de Bourbon l'Archambault (medieval.mrugala.net)
Béatrix de Bourbon

Les Sires de Bourbon

C’est à partir de là que commence véritablement l’histoire du Bourbonnais. Cette période étant assez riche et compliquée, mais passionnante, nous essaierons de nous cantonner aux faits principaux.
1ère maison de Bourbon
Tout commence vers 915, lorsqu’un seigneur local, Aimard, viguier de Deneuvre, fait donation de ses terres de Souvigny au monastère de Cluny. Les moines y fondent un prieuré, et la renommée d’Aimard en sort grandie (les questions religieuses ayant à l’époque une importance capitale). Le fils d’Aimard, Aimon Ier, sire vers 953, essaie de récupérer ces terres, mais se rend vite compte qu’il est de son intérêt d’entretenir de bons rapports avec les moines, aussi leur cède-t-il une parcelle supplémentaire (Longvé à Bressolles vers Moulins) Aimon possédait alors (probablement, car les informations manquent à cette époque) les viguiers de Deneuvre et de Bourbon. Il s’installe officiellement à Bourbon, qui deviendra la place forte des Bourbons et restera leur capitale jusqu’au XIIIème siècle, lorsqu’ils iront s’établir à Moulins.
Le fils d’Aimon Ier, Archambaud Ier, dit le Franc, qui succède à son père vers 959, s’implante à Bessay sur la rive droite de l’Allier. Deux faits marquent alors Souvigny et toute la région : presque coup sur coup, deux saints viennent y mourir : St Mayeul et St Odilon. Ceci a pour conséquence d’attirer de nombreux pèlerins (dont Hugues Capet en 994, Robert le Pieux en 1031 et le pape Urbain II en 1095), et de propulser Souvigny au premier plan. Les Bourbons profitent directement de ce regain d’intérêt en tant qu’avoués (protecteurs laïcs) du prieuré (il est dit qu’Archambaud Ier en percevait la moitié des revenus). Archambaud II dit le Vieux (sire vers 990) étend son territoire au nord-ouest et au nord-est en profitant de la faiblesse du vicomte de Berry et du comte de Nevers. Une légende dit qu’Archambaud II se serait épris d’une belle meunière sur les bords de l’Allier, au lieudit du Moulin Bréchimbault, et lui aurait fait construire un pavillon à l’emplacement du futur palais ducal, donnant naissance à la ville de Moulins. Ces deux Archambaud entretiennent de très bons rapports avec les moines de Souvigny. Son fils Archambaud III dit du Montet ou le Jeune (sire vers 1034) étend les possessions en direction du bocage bourbonnais et de la Limagne (la Chapelaude, Néris, Murat, Ainay le Vieil, Jenzat, Gannat, Cusset). C’est aussi vers cette époque qu’est signée la première charte de ville franche bourbonnaise : La Chapelaude en 1073. Le commerce se Souvigny développe par le biais des foires et des marchés, et le paiement du cens dû au suzerain enrichit les Bourbons. Son fils Archambaud IV dit le Fort (sire vers 1078) fait preuve de plus d’autoritarisme envers les moines et envers ses voisins : il impose une redevance à la ville de Souvigny, menace l’archevêque de Lyon, emprisonne le comte de Nevers… Il est même menacé d’excommunication par l’abbé de Cluny, nécessitant l’entremise du pape Urbain II ! Archambaud IV meurt fort opportunément non sans avoir mis à profit son règne pour agrandir son territoire (Mazirat, Neuville, Ygrande, St Pierre le Moûtier, Le Veurdre, La Chapelle aux Chasses). Le conflit avec l’Église se résout par la signature d’une charte avec la ville de Souvigny en 1095. Archambaud V dit le Pieux ne règne qu’un an car il décède prématurément.
L’affaire Vaire Vache
A la mort d’Archambaud V, son fils, Archambaud VI dit le Pupille n’est qu’un enfant et son oncle, Aimon II dit Vaire Vache, d’abord son tuteur, en profite pour le déshériter en 1108 et s’accaparer la seigneurie, non s’en s’être préalablement assuré du soutien des moines. Notons par ailleurs qu’en 1101, le roi Philippe Ier achète le vicomté de Bourges et la seigneurie de Dun, bloquant du coup l’avancée des Bourbons vers le nord-ouest (qui sans cela auraient sûrement fini par s’emparer de tout le nord-Berry). En 1108, la mère d’Archambaud VI, Luce, aidée de son second mari, intrigue pour pousser le roi Louis VI le Gros à intervenir pour rétablir son fils dans ses droits, prêtant à Vaire Vache turpitudes et ambitions diverses. Devant le refus de Vaire Vache de comparaître en justice, le roi, à la tête d’une forte armée, le retrouve à Germigny, forteresse dans laquelle Aimon II s’était retranché. Celui-ci, voyant le vent tourner, fait rapidement soumission et acte d’obéissance au roi. Il est emmené à Paris où il est jugé. Le jugement, assez singulier, lui conserve son titre et la majeure partie de ses biens. Son fils est désigné comme son successeur. Il semble que le roi ait préféré voir à la tête du Bourbonnais un homme fort, à qui il confia d’ailleurs la garde de l’Auvergne. En tout cas cet épisode marque le début du rapprochement entre les Bourbons et le pouvoir royal, ce dernier prenant conscience de leur puissance et de l’intérêt stratégique de leurs terres. Remarquons au passage que la soeur d’Archambaud V et d’Aimon II, Hermengarde, de par son mariage avec Foulques IV d’Anjou, sera la grand-mère du roi d’Angleterre Henri II Plantagenêt, et donc l’arrière grand-mère de Richard Coeur de Lion.
Le fils d’Aimon II, Archambaud VII dit le Fort, sire en 1120, épouse Agnès de Savoie, belle-soeur du roi Louis VI et nièce du pape Calixte II. Archambaud VII participe à la deuxième croisade avec le roi Louis VII le Jeune. Il montre à cette occasion de grandes capacités militaires, et ramène des reliques précieuses. En 1152, Louis VII répudie Aliénor d’Aquitaine. Celle-ci se remarie avec Henri Plantagenêt (le petit-fils d’Hermengarde, pour ceux qui suivent…). Tout le sud-ouest de la France passe sous domination anglaise, préfigurant la guerre de Cent Ans. Le Bourbonnais, situé à la frontière de l’Aquitaine, resté fidèle au roi de France, prend une importance stratégique de premier plan. Archambaud VII, profitant d’un long règne d’une cinquantaine d’années, continue à étendre son territoire. Puisque le nord-ouest est bloqué depuis l’acquisition royale du Berry, le sud-ouest par l’Aquitaine devenue anglaise, et le nord-est par le puissant duché de Bourgogne, c’est vers le sud, et donc l’Auvergne, qu’il va se diriger. S’il est obligé de renoncer à St Pourçain, sur laquelle le roi veut garder la mainmise, il s’empare de Montaigut en Combrailles en 1169, puis Bellenaves, Charroux, Hérisson, Ainay le Château, Huriel, Épineuil, Saint Désiré… Il accorde une franchise à Montcenoux (aujourd’hui Villefranche d’Allier) en 1138 et à Charroux en 1145. A sa mort, en 1171, son fils Archambaud étant prédécédé, il laisse une petite-fille, Mathilde Ière (ou Mahaut). Le Bourbonnais n’appliquant pas la loi salique, celle-ci peut régner en tant que Dame de Bourbon. Elle épouse Gaucher de Vienne, qui combat des groupes de pillards à la solde des Anglais qui écument alors le pays. Il part à la troisième croisade avec Philippe II Auguste. Bourbon obtient le statut de ville franche en 1182. Pendant ce temps, Mathilde est soupçonnée d’infidélité et excommuniée. Le pape Clément III prononce le divorce, officiellement pour trop proche parenté entre les époux. Le roi remarie Mathilde avec Guy de Dampierre, maréchal de Champagne, un de ses fidèles, en 1196.
2ème maison de Bourbon
Avec Guy de Dampierre, sire de Bourbon par son mariage, commence la deuxième maison de Bourbon. Venu du nord de la France, il apporte avec lui de nouvelles coutumes et accélère la diffusion de la langue d’oïl. En 1202, en remerciement de ses bons et loyaux services, il reçoit du roi Montluçon – devenue disponible depuis que l’Angleterre avait renoncé à sa suzeraineté sur l’Auvergne en 1189. Profitant d’une querelle entre le comte d’Auvergne et l’évêque de Clermont, le roi Philippe II Auguste charge Guy d’intervenir. Celui-ci prend pas moins de 120 châteaux en Auvergne, dont la forteresse réputée imprenable de Tournoël. En récompense, Guy est nommé connétable d’Auvergne, détient l’autorité militaire sur toute la région, et se voit attribuer St Gérand le Puy, Nizerolles, Châtel Montagne et Châteldon. En 1214, Guy se distingue à la bataille de Bouvines en sauvant le roi. Il meurt en 1216, et Mathilde en 1227.
Le fils de Mathilde et Guy, Archambaud VIII, dit le Grand, hérite en 1216 d’un domaine déjà solide et étendu. Il y ajoute Charmes, Broût Vernet, Varennes, Billy, Lapalisse, Jenzat, Gouzon (Creuse). Il participe à la croisade contre les Albigeois avec le roi Louis VIII, qui meurt au château de Montpensier au retour du siège d’Avignon. Il fait partie des conseillers de la couronne pendant la régence de Blanche de Castille, et la soutient, ainsi que le futur Louis IX, contre les intrigues des puissants féodaux. Il s’oppose à l’archevêque de Bourges pendant des années, ce qui lui vaudra d’être excommunié, avant de finir par se soumettre. Les chartes de villes franches se multiplient : Moulins (1232), Gannat (1236)… A sa mort, en 1242, son fils Archambaud IX dit le Jeune devient sire. Il reçoit, par son mariage avec Yolande de Châtillon, comtesse de Nevers, St Aignan (Berry), Montmirail (Perche), et les comtés de Nevers, Auxerre et Tonnerre sur la Bourgogne. Montluçon (1242) et Chantelle (1248) sont déclarées villes franches. Parti en croisade avec le roi Louis IX, il meurt à Chypre en 1249. Il laisse deux filles, Mathilde et Agnès, mariées aux deux fils du duc de Bourgogne, Eudes et Jean. Prévoyant, il avait institué ses filles héritières par testament. Mathilde II gouverne de 1249 à 1262. Son mari Eudes meurt à St Jean d’Acre en 1266 pendant la huitième croisade. Agnès devient dame de Bourbon en 1262 et obtient des moines de Souvigny d’être associée au droit de battre monnaie (droit que les moines possédaient depuis fort longtemps). Les moyens financiers des Bourbons s’en trouvent fortement améliorés. Après le décès de Jean de Bourgogne, elle se remarie avec Robert II d’Artois, neveu de St Louis. Après sa mort, les biens des Bourbons reviennent à la fille qu’elle a eue avec Jean, Béatrix, qui épouse Robert de Clermont (Clermont en Beauvaisis, dans l’Oise), qui n’est autre que le sixième fils de St Louis. Leur fils, le futur Louis Ier, a donc du sang royal dans les veines.
(source « micbourbonnais.free.fr »)

Les sites

Bressolles – Domaine de Longvé

Souvigny – La Prieurale

Bourbon l’Archambault – La Forteresse