Isserpent – Le Combat

Le Combat d’Isserpent.

 

Nous sommes sur les contreforts de la montagne bourbonnaise. Chaque montagne, chaque rocher a sa légende, gravée en caractères indélébiles dans la mémoire des montagnards.

On apprend à Isserpent, le pays de la terre rouge, qu’un grand combat s’y est livré entre les gens du seigneur du Breuil et ceux d’Isserpent, et cela pour délimiter des possessions et faire cesser des droits sei­gneuriaux auxquels les habitants voulaient se sous­traire.

La lutte fut terrible, cent contre cent ; on s’y battit tellement qu’il ne resta debout que deux combattants qui, ne voulant pas survivre à un semblable carnage, finirent par s’entretuer malgré leurs blessures.

C’est tout ce sang versé qui a rougi le sol. Jamais les taches de sang ne disparaîtront d’ici, pas plus qu’elles n’ont disparu sur la clé du cabinet des femmes de Barbe-Bleue.

(Source : Contributions au folklore Bourbonnais – Francis Pérot – 1912)

Louchy-Montfand – La légende du château de Montfand

Epoque :  XV° – XVIII°- Protection : ISMH (1975)
Propriétaire : Dominique Vitetta
Visite : non
Dates et horaires :
Adresse : château de Montfand 03500 Louchy-Montfand
Téléphone :
Courriel :
Site internet :

Chateau de Montfand

Situation

Louchy-Montfand est situé à 32 km au sud de Moulins

Montfand est situé à 1 km au nord du bourg

La légende du château de Montfand d’après le docteur Piquand

Durant la deuxième moitié du XVIe siècle, Billy était gouverné par un jeune châtelain que le prieur de Saint-Pourçain avait fiancé à une riche et belle héritière du voisinage : la damoiselle ayant perdu ses parents dut se retirer chez son oncle et tuteur, le sire de Monphand, qui s’empara de ses biens et parut peu désireux de la marier. Ce seigneur avait fort mauvaise réputation, on racontait qu’il avait fait un pacte avec le Diable, et qu’il entretenait une bande de routiers moitié soldats, moitié brigands, qui étaient la terreur de tout le pays.
Dès le début il avait embrassé la religion réformée, et on disait que c’était moins par conviction que pour avoir un prétexte de molester ses voisins, et de piller les biens des églises et des monastères.

Après avoir patienté quelques mois, le sire de Billy envoya un message au château de Monphand pour demander quand il pourrait voir sa fiancée et fixer la date de leur mariage. Son ambassadeur fut fort mal reçu, le sire de Monphand ne lui permit même pas d’entrer dans le château et le chargea d’avertir son maître que sa pupille, ayant embrassé la religion nouvelle, ne pouvait songer à épouser un homme qui ne professait pas la même foi ; il engageait donc le dit messager à déguerpir au plus vite et à se garder de revenir s’il ne voulait pas s’exposer aux pires dangers.
Bien marri fut le pauvre sire de Billy, il pensait bien que sa fiancée n’était pour rien dans l’affront qu’on lui faisait, mais avant de décider il aurait bien voulu en avoir la certitude. Un matin il assembla ses serviteurs et leur dit :

« Mes amis, les attaques et les pillages de nos voisins nous obligent à rester dans nos murailles, portes fermées et pont levé ; les pauvres hommes de nos campagnes sont maltraités chaque jour, nos moissons, nos vergers, nos étables sont pillés ; si on les laisse faire, les soudards vont tout détruire et tout brûler. Il faut que cela cesse et que nous nous défendions ; mais avant je veux revoir la blanche et gente amie que le vieux prieur de Saint-Pourçain a fiancée avec moi. C’est la nièce du maître de Monphand, notre méchant voisin ce vieux loup qui ne craint pas de venir chaque jour, à notre barbe, prendre sa goulée sur nos terres. Son château est gardé par les diables plutôt que par les chrétiens ; Ils sont plus nombreux que les
oiseaux, plus cruels que les loups de nos bois ; mais sa nièce, ma gente amie, est un ange du paradis qui ignore ses mauvais desseins, et je veux lui envoyer un message d’amour. Pour porter ce message à Monphand il faut passer rivières et précipices, franchir pont-levis, fossés et grilles, et pénétrer au fond du château pour parler à la demoiselle même. Qui veut s’en charger ? »
Un jeune valet se lève, un gars de dix-huit ans à la moustache blondine et aux yeux aussi brillants que la flamme :
« Messire, baillez-moi votre message et la dague pour le défendre. Votre mère nourrice était ma propre mère, la même main nous a bercé aux mêmes chansons et je suis prêt s’il le faut à répandre mon sang pour votre service. – Tiens donc mon ami, le cœur me saigne de te voir partir, mais si tu réussis je te fais lieutenant de mes gens d’armes, et te donne une chaîne d’or plus longue et plus grosse que le chapelet des moines de Saint-Pourçain ».
Après avoir longtemps marché le valet arrive au bord de la Sioule où il trouve un vieux paysan tout effaré :
« L’ami, dit-il, y a-t-il un gué où je puisse passer la rivière sans rencontrer ceux de Monphand ? »
Le paysan s’enfuit sans répondre, « Que le Diable te pende, pense le valet, mais bah, je saurai bien trouver un gué tout seul ».
Après quelques recherches il passe hardiment la Sioule sur un arbre que le courant avait couché et, tout en marchant avec précaution, il songe comment il pourra, trompant la surveillance des gardes, aborder le château et trouver la demoiselle.
« Halte-là ! crient les gens de Monphand cachés au creux du chemin. Où va ce beau valet ? Qu’il nous dise quel message il semble cacher.
– Si Monphand veut le voir qu’il vienne le lire au bout de ma lance », dit le messager en renversant le premier qui se présente, puis il s’enfuit en déchirant son message en mille morceaux qu’emporte le vent.
Hélas ! Les flèches volent ! Il tombe blessé, couvert de sueur et de sang, et les gens de Monphand l’emmènent à grand bruit dans leur château.
Ils arrivent au pied de la colline escarpée à laquelle on ne peut accéder que par un escalier de pierre si long et si raide, que seuls les Titans ou les Druides ont pu le construire. En haut, le pont-levis s’abaisse et mène à deux portes, l’une extérieure, étroite et extrêmement basse, l’autre située entre deux tours, recouvertes de grosses bandes de fer, et hérissée de clous tellement multipliés que le bois peut à peine s’apercevoir.

Au bruit arrive le farouche seigneur de Monphand : il accourt, roulant des yeux de feu sous une chevelure hérissée, brandissant un grand sabre et faisant résonner tout le château de ses imprécations :
« Un homme de Billy ici ! Espion maladroit, tu viens chercher la corde et la potence, tu les auras ».
Une noble demoiselle, une blonde jeune fille paraît, elle se jette à genoux, supplie son oncle et retient la main qui montrait la corde et le bourreau.
Alors d’une voix triste et lente le frère de lait du comte de Billy dit au seigneur de Monphand :
« Puisque le Dieu a envoyé la noble damoiselle que je cherchais, voilà le message de mon maître et seigneur : il réclame sa douce fiancée, et veut savoir si c’est de son plein gré et avec son assentiment que vous avez rompu les engagements qu’ils avaient pris devant le vieux prieur de Saint-Pourçain.
-Tais-toi, maudit valet, interrompt le farouche seigneur, un mot de plus et je te fais clouer comme un milan à la porte d’une grange ».
La demoiselle, plus pâle que la fleur des blés, se laisse choir en pâmoison, et l’on entend la trompette sonner au pont-levis…
« Aux armes ! Monphand ! Monphand ! »
Tous se précipitent, mais trop tard : le sire de Billy suivi de ses soldats a profité de ce que le pont-levis était baissé, il a forcé la porte, sabré les sentinelles. Il entre et se précipite pour relever sa fiancée, puis tandis que ses hommes d’armes attachent les mains du sire de Monphand il dit
à son frère de lait :
« Merci mon fidèle serviteur, je te ferai chevalier et pour écharpe ma mie te passera au cou la chaîne d’or que tu as gagnée ».
Le vaillant châtelain a épousé sa belle fiancée, mais il ne jouit pas longtemps de son triomphe ; quelques années après, en 1576, une armée protestante commandée par Henri de Condé et par le fils de l’Electeur de Bavière s’empara de Billy et saccagea le château qui ne fut jamais habité depuis.

(Docteur Piquand)

Vieure – La Salle – Loyse de Vieure

Epoque :  XIV° – XVIII° – XIX°- Protection : ISMH (2002)
Propriétaire : Privé
Visite : oui, des extérieures
Adresse : château de la Salle 03430 Vieure
Téléphone :
Courriel :
Site internet :

La Salle (www.allier-hotels-restaurants.com)

Situation

Vieure est situé à 40 km à l’ouest de Moulins.

La Salle est à 1 km au nord de Vieure.

La légende de Loyse de Vieure.

Lorsque la famille de Vieure habitait le château de la Salle, la fille unique du châtelain, Loyse de Vieure, tomba amoureuse d’un cousin éloigné, le Comte de Montguyon. Le mariage fut décidé en dépit des réticences du seigneur, convaincu que le comte pratiquait la magie et avait envoûté sa fille. Au pied de l’autel, lorsque Montguyon demanda à Loyse si elle voulait être sa femme, un coup de tonnerre retentit, les flambeaux s’éteignirent et la mariée tomba raide morte. Au même moment, les assistants entendirent un éclat de rire suivi de ces paroles : « Tu m’avais demandé de te conduire à l’autel, j’ai tenu ma promesse, maintenant à toi de remplir tes engagements. » Le comte s’était volatilisé. Le corps de la jeune Loyse fut conduit dans la tour occidentale du château. A minuit, un violent orage éclata, la foudre embrasa la tour et il ne resta plus trace de la défunte. Le seigneur de la Salle mourut de chagrin et, quelques années après, ses descendants reconstruisirent le donjon, qui fut incendié par le feu du ciel à trois reprises. La foudre cessa de s’acharner sur la tour maudite le jour où les propriétaires du château y installèrent une chapelle.

Les environs

Vieure – Château de la Chaussière à 1,5 km au nord-est

Ygrande – l’église Saint-Martin à 7 km au nord-est

Hérisson – La Forteresse à 16 km à l’ouest

Chavroches : Jeanne de Chaveroche – “La blonde aux yeux d’or”

Epoque :  XII° – XV°- Protection : ISMH (1929)
Propriétaire : privé
Visite : non
Adresse : Rue Roussat 03220 Chavroches

Vidéo : Chavroches

Situation

Chavroches est à 34 km au sud-est de Moulins et à 37 km au nord-est de Vichy

Histoire :

Au sommet d’une colline abrupte est verdoyante s’élèvent les ruines du vieux château fort de Chavroches, un imposant donjon carré et une muraille d’enceinte avec des tours d’angle.
L’église actuelle datant de la fin du XIème siècle aurait été construite à l’emplacement de la première. Chaveroche est l’ancienne écriture du nom du village.

En tout cas, en 1898, en effectuant des fouilles dans le sous-sol de l’église, on a trouvé une tombe renfermant trois squelettes parfaitement conservés. L’un d’eux est celui d’une jeune femme dont la blonde chevelure était encore intacte. Cette découverte a rappelé une ancienne légende dont le souvenir persistait dans la mémoire des plus vieilles gens du pays.
La Légende : 

A l’époque où se passe cette histoire le vieux baron, propriétaire du manoir, avait chaque jour à sa table, nombre de seigneurs et de chevaliers qui venaient de tous les pays avoisinants. Certes l’hospitalité du baron était renommée, et les chasses qu’il donnait magnifiques, mais cela ne suffirait pas à expliquer une telle affluence de visiteurs, si je ne vous disais que le château de Chaveroche renfermait alors Jeanne, la belle blonde aux yeux d’or, fille du baron et merveille de tout le Bourbonnais.
Jeanne était blonde comme les blés, ses grands yeux au reflet d’or, profonds et ses lèvres d’un dessin exquis et pur, ses cheveux dont les boucles soyeuses descendaient librement sur ses épaules, son teint de lis et de roses en faisaient une créature étrangement belle et désirable.
Cependant pas un des hôtes de son père ne pouvait se flatter d’avoir obtenu d’elle le moindre mot d’espoir ; elle accueillait les madrigaux les plus galamment tournés et les déclarations les plus brûlantes avec un sourire également moqueur.
Mais le soir quand tout dormait au château, une voix douce et fière montait dans la vallée, chantant une romance de ce temps-là :
Dame dont le sourire
Captive pauvre cœur
Qui souffre et n’ose dire
L’excès de sa douleur ;
Ah ! Laisse-toi fléchir,
Ou me faudra mourir !
Jeanne sortait alors du château par une issue secrète, et bientôt se trouvait dans les bras du chanteur Raoul de Montcombroux, beau damoiseau et ménestrel accompli. Ils s’aimaient d’un fol amour et Jeanne, la blonde aux yeux d’or, avait juré à Raoul de n’appartenir jamais à un autre homme.
Or un jour Raoul dut quitter sa maîtresse pour aller guerroyer au loin. Deux ans se passèrent sans que Jeanne, dont le teint était devenu pâle et dont un cercle de bistre estompait les yeux, reçut de son bien-aimé la moindre nouvelle.
Cependant son père qui se sentait mourir, la pressait davantage de prendre un mari. Et devant les refus obstinés de son enfant le vieux seigneur se faisait un chagrin mortel.
Trois ans s’étaient écoulés sans nouvelles. Le baron déclara à sa fille que, si elle n’acceptait pas pour mari son cousin Guillaume de Jaligny, elle ferait son désespoir, et qu’il mourrait en la maudissant. La pauvre Jeanne, désespérant de ne jamais revoir son ami, finit par consentir. Et Guillaume, grand chasseur et formidable buveur, devint l’heureux époux de la merveille du Bourbonnais, Jeanne aux yeux d’or.
Trois années s’écoulèrent. Une nuit, sire Guillaume, revenu de la chasse, dormait d’un profond sommeil aux côtés de sa jeune épouse. Soudain une voix vibrante se fit entendre dans la vallée :
Dame dont le sourire
Captive pauvre cœur
Qui souffre et n’ose dire
L’excès de sa douleur…
C’était Raoul qui revenait, chevalier et capitaine, demander la main de celle qu’il n’avait jamais oubliée.
Au son de sa voix Jeanne se mit à trembler si fort qu’elle réveilla son mari. Raoul continuait sa chanson :
Ah ! Laisse-toi fléchir,
Ou me faudra mourir !
Quel est l’étrange fou qui vient ainsi troubler notre repos ? s’écria sire Guillaume réveillé tout à fait.
Ah ! Laisse-toi fléchir,
Ou me faudra mourir !
répétait le chanteur.
– Oh ! qu’est ceci, gronda Sire Guillaume. Par ma foi, madame, je veux voir l’audacieux qui vient à cette heure vous dire des chansons d’amour ? Et s’habillant en hâte il ceignit son épée et sortit par une porte basse. Quelques minutes après Jeanne de plus en plus tremblante, entendit des blasphèmes, puis deux grands cris qui réveillèrent tout le pays.
Affolée, la pauvre femme s’élança à demi-nue par le chemin que son mari venait de suivre, en appelant d’une voix déchirante : Raoul, Raoul !
Mais seules les chavoches répondaient à ses cris par des hurlements plaintifs. Enfin la lune émergea au-dessus des nuages et Jeanne vit à ses pieds les cadavres de son époux et de son fiancé, enlacés dans une dernière et mortelle étreinte.
S’agenouillant Jeanne prit dans ses bras la tête pâle de Raoul et la couvrit de baisers passionnés, puis elle se releva et tirant le poignard de son amant se le plongea par deux fois dans la poitrine.
Le lendemain on releva les trois cadavres. On ne put séparer Guillaume de Raoul tant les corps s’étreignaient sauvagement, et on les mit tous les deux, ainsi que Jeanne, dans une même tombe creusée sous le chœur de l’église. Au lieu où se passa la bataille on éleva une haute croix de pierre, et il paraît que, maintenant encore, par les longues nuits d’automne, en cet endroit, on entend parfois un couplet plaintif suivi de cris lamentables : c’est Jeanne, la blonde aux yeux d’or, qui répond à la chanson de son fiancé.
(source : docteur Georges Piquand)

Veauce, Lucie le fantôme du château

Veauce - Lucie - Emission TV
Veauce - le château (lamedeslieux.fr)
Veauce - Le château (taigong788 - Skyrock.com)
Veauce - Tour de la Malcoiffée (sciences-faits-histoires.com)
Grille du château de Veauce dans l'Allier (© Radio France - Arnaud Ranty)
Veauce - Le château (La Montagne© Agence VICHY)
Chemin de ronde du château de Veauce dans l'Allier (© Radio France - Arnaud Ranty)
La photo expertisée sans trucage du phénomène lumineux
Veauce - Ephraïm Tagori de la Tour
Veauce - Madame Elisabeth Mincer (dossiersinexpliques.blogspirit.com)

Émission Midi 2 du 13-08-1985 Producteur ou co-producteur Antenne 2 Journaliste Patrick Hesters

L'émission Mystères sur le Château de Veauce et le fantôme de Lucie

Situation

Veauce est à 39 km à l’ouest de Vichy, à 48 km au sud-est de Montluçon et à 58 km au sud-ouest de Moulins

La légende :

En 1559Guy de Daillon, seigneur et baron de Veauce, chevalier des Ordres du roi, épouse Jacqueline de La Fayette, dame de Pont-Gibaud. A peine quelques mois plus tard, une jeune fille de 18 ans, prénommée Lucie, se présente au château. Lucie, issue d’une famille noble mais totalement désargentée est fort belle et le sait. C’est le seigneur des lieux, Guy de Daillon, qui l’accueille et il n’est apparemment pas insensible à la beauté, au charme, à l’innocence et à la grâce de la demoiselle, puisqu’il l’embauche immédiatement comme servante.

Il semble que le châtelain ait même succombé à ces charmes puisque l’histoire raconte qu’au retour de la chasse, il offrait ses plus beaux trophées à Lucie, qui était devenue sa maîtresse…

Evidemment, l’épouse légitime et délaissée se rendit compte de ce qu’il se passait et bien qu’il s’agissait d’un affront a son âge, à sa beauté que de mettre ainsi en évidence la jeunesse d’une fille jolie, peut-être, mais pauvre, elle ne pouvait en cette époque agir contre son seigneur directement. Elle prit donc son mal en patience et, jalouse, jura de se venger dès que l’occasion se présenterait… et elle savait que tôt ou tard, elle se présenterait car en ces temps-là, et pour justifier leurs privilèges, les seigneurs, chevaliers et autres nobles passaient une grande partie de leur existence à revêtir leur armure et à guerroyer à tout venant pour le compte de leur roi ou pour leur propre compte. Durant ces longues absences, c’était l’épouse légitime qui prenait le commandement et donc la responsabilité « de la maison », c’est-à-dire du château…

Souvent, ces femmes douces et soumises étaient transformées par leur nouvelle responsabilité, devenant de vraies mégères tyranniques pour tous ceux qui étaient à leur service…

Cela ne loupa pas car quelques mois plus tard à peine, Guy de Daillon dut revêtir son armure, enfourcher son destrier et partir en guerre. L’épouse devint le maître pour un temps assez long. La troupe de son mari venait à peine de disparaître au détour de la forêt que sa jalousie put enfin s’exprimer au grand jour, au désespoir de la pauvre Lucie…

Elle n’hésita pas car en ces temps-là, les barons de Veauce comme leurs congénères, avaient droit de basse, moyenne et haute justice sur leur peuple. La condamnation pouvait aller de quelques coups de bâton à la mort, sans formalité et en toute impunité. De plus, tout était prévu au château de Veauce : la prison était installée dans la tour dite Mal-Coiffée, au saillant sud-est de la forteresse. Elle donne dans la cour d’honneur à l’arrière du corps du logis d’habitation du châtelain.

La prison en elle-même comprenait trois geôles superposées. Dans la partie haute, on enfermait les prisonniers condamnés à des peines légères et que l’on faisait travailler dur. Au rez-de-chaussée, on enfermait les condamnés devant subir plusieurs années d’emprisonnement. Dans le sous-sol, on trouvait une troisième prison et de celle-ci, on n’avait pratiquement aucune chance d’en sortir un jour. Les condamnés étaient descendus dans ce cul de basse-fosse humide par une corde. La nourriture leur parvenait de la même façon, de façon très limitée…

La pauvre Lucie fut enfermée sur ordre de la baronne dans la geôle du premier étage, qu’elle avait fait totalement vider préalablement de ses prisonniers. Elle était isolée, car, selon le bon vouloir de sa tortionnaire, elle devait être solitaire et n’avoir d’autre visite que la sienne. Ainsi, cette femme en proie à une jalousie féroce et à la limite du sadisme, venait visiter sa prisonnière, la narguait et l’insultait copieusement.

La prison, bien sûr, n’était pas très isolée ni chauffée, et le froid de la nuit était succédé le jour par les vents ou l’humidité printaniers ou la chaleur sèche estivale. On lui donnait comme nourriture juste de quoi ne pas mourir et pareil pour l’eau. De plus, Lucie était rongée par la terreur et les menaces incessantes de sa moqueuse tortionnaire, qui la faisait souffrir tant physiquement que moralement…

Soumise à un tel traitement, la belle jeune fille ne fut rapidement plus que l’ombre d’elle-même et mourut dans les affres de la peur, de la faim et du désespoir au bout de quelques mois. D’après la légende, cela arriva par une nuit d’automne, alors que la pleine lune jouait à cache-cache avec de lourds et noirs nuages courant dans le ciel. Ce soir-là, les habitants du village virent, assure-t-on, une merveilleuse apparition rayonnante assise sur les créneaux de la tour Mal-Coiffée.

Ce fut la première apparition de la Dame Blanche de Veauce, mais pas la dernière, car sa charmante silhouette fantôme continue à hanter le château vers minuit, et plus particulièrement la salle des gardes de la tour de l’Horloge et le chemin de ronde, qui va de la tour de l’Horloge à la prison de la tour Mal-Coiffée.

L’histoire se termine là car personne n’a connu la réaction du Seigneur à son retour de guerre, ni ce que fit la baronne du cadavre de Lucie… on pensa dans le village que la baronne jeta en cette année 1560 le corps de la malheureuse dans les oubliettes de la Tour…

Au fil des ans, des rumeurs ont parlé de ce fantôme. Certains ont assuré avoir aperçu cette blanche silhouette qui rappelle que, voici plus de quatre siècles se déroula, en ces lieux plutôt sinistres qu’est la Tout-prison Mal-Coiffée, un drame de la passion, de la jalousie et de la haine. Une jeune petite effrontée opportuniste avait chèrement payé sa croyance en l’amour miracle…

Que dit l’Histoire au sujet de ce fantôme ?

le baron Amable de Blich racontait, dans une lettre écrite au 17e siècle, avoir vue et entendue sangloter une silhouette lumineuse féminine. Le curé de la paroisse avait noté au 19e siècle qu’un valet d’écurie nommé Denis Vincent avait vu sa torche éteinte et il avait, dans le même temps, senti une force inconnue le flanquer contre un mur, avant d’observer le passage d’une silhouette lumineuse de femme.

En 1963, un psychiatre venu de Francfort était accompagné de son chien, dans la nuit, sur le chemin de ronde, peut-être pour se donner du courage. Il avait pour nom docteur Rudolph SchmidtSon chien se mit à hurler à la mort et, sur le mur, il discerna une forme lumineuse. Il actionna un appareil photo. Il n’y eut rien sur la pellicule pourtant ultrasensible.

En 1967, un radiesthésiste écossais de Glasgow, nommé John MacCain, contait qu’il avait observé un étrange phénomène entre minuit et 1 heure du matin. Il avait apporté avec lui des souris hypersensibles. Soudain, elles manifestaient un affolement incompréhensible.

Plus tard, un habitant du Chili, attiré par les TV et les comptes rendus des journaux, débarqua à Veauce. Il prétendit avoir entendu des bruits qu’il qualifia de « toutes sortes de gémissements ». Un spécialiste des phénomènes électromagnétiques vint depuis Los Angeles. C’était en décembre 1971Sur ses appareils, il enregistra, assura-t-il, le passage d’ondes non identifiées.
Plusieurs familles illustres se sont succédé de 1700 à 1970 dans le château : Chauvigny de Blot, Le Loup, Du Buysson, les Cadier de Veauce (une des plus anciennes familles du Bourbonnais, qui conservera le domaine jusqu’en 1970).

Alors un certain Éphraïm Tagori de la Tour, qui se donnera lui-même le titre de baron de Veauce, acheta le domaine en 1970, s’y installa, mais n’avait pas la fortune nécessaire pour entretenir les bâtiments et en aménager l’intérieur. Tagori de la Tour, né à Jérusalem, en Palestine, fit des études d’ingénieur et acquit un diplôme d’ingénieur de l’armement. Par la suite, il devint plutôt mercenaire-aventurier car on le retrouva général chez les Russes, participant à la bataille de Stalingrad puis officier dans l’armée anglaise. Juif, il participa aux côtés de Moshe Dayan à la guerre des Six-Jours. Comment se retrouva-t-il à Veauce et réussit-il a acheter le château à l’ancienne famille bourbonnaise ? C’est resté un mystère. Pour les habitants de cette petite bourgade, c’était un personnage hors du commun, surtout qu’avec son franc-parlé, il en rajoutait.

Les médias :

Dans les années 1980, le château de Veauce connut l’animation et la célébrité à cause ou grâce à Lucie. Le baron Tagori de la Tour avait alerté les médias et ceux-ci, friands de telles histoires, débarquèrent à Veauce. Tour à tour vinrent Antenne 2, TF1, FR3 et une multitude de journalistes parisiens et de province.
À cette période, s’efforçant de trouver de l’argent pour entretenir et assurer son statut, le baron organisait à la belle saison des visites du château et, dans les locaux, des expositions de peintures. Et le fantôme était au centre de la plupart des conversations. A tel point qu’à un moment donné, une fois par semaine, on allait sur le coup de 23 h 30 dans la tour Mal-Coiffée à la recherche de l’apparition de Lucie.

Un jour, un journaliste parisien, Jean-Yves Casgha, animateur sur France Inter de l’émission « Boulevard de l’étrange », et collaborant aussi à l’émission d’Anne Hoang sur TF1 intitulée « Contre-enquête » voulut en avoir le cœur net et tenter de démystifier l’histoire.

Il arriva au château avec deux équipes de reportage en août 1984. Dans la nuit du 8 au 9 août 1984, les techniciens placèrent douze micros tout au long du parcours suivi (à priori) par le fantôme. On y ajouta une caméra installée dans l’ancienne salle de garde. Dans l’obscurité la plus complète, chacun, à l’heure dite, se posta aux aguets, retenant son souffle.

L’attente ne fut pas très longue. Peu avant minuit, les témoins virent apparaître un point lumineux sur un mur du chemin de rondeCette lueur se mit à disparaître et à apparaître, jamais au même endroit, un peu plus loin, diminuant ou grandissant selon son déplacement. La lumière semblait sortir, jaillir de nulle part. Autrement dit, cette lumière n’avait pas de source, ni de rayonnement. Elle semblait sortir de nulle part et ne rien éclairer autour d’elleAu bout de vingt-cinq minutes, ce mystérieux phénomène s’est brusquement interrompu, la lumière s’est éteinte définitivement.

Les deux caméras avaient fonctionné. Le film n’enregistra rien, peut-être parce que le film n’était pas assez sensible à une aussi faible lumière. Quant aux appareils de photos, seules quatre pellicules furent très vaguement impressionnées – ce qui est déjà ça. Le développement et le tirage allaient cependant révéler une légère silhouette. Était-ce celle de Lucie ? On ne peut que le supposer. Les journalistes et techniciens, impressionnés, affirmèrent qu’ils détenaient l’une des premières preuves physiques qu’un phénomène fantomatique existait bien, que des milliers de témoignages de part le monde et depuis des siècles étaient enfin validés par un appareillage fiable…

Témoignage du journaliste :

” À la base, je souhaitais dresser le portrait du baron. Cependant, à la faveur de la première soirée tandis que je dînais avec mes collaborateurs, j’ai proposé d’annuler la chambre d’hôtel pour passer la nuit au château.

À l’issue du repas, dès la fin de notre discussion, les ingénieurs du son procèdent à l’installation de leur matériel. Ceux-ci disposent çà et là toute une série de microphones afin d’enregistrer d’éventuels bruits étranges…

Les ingénieurs sont accompagnés par deux personnes qui vont jouer un rôle de choix au cours de la nuit. Il s’agit d’un médium prétendument capable de communiquer avec les défunts et de sa petite-fille.

Dans un silence de mort, les douze coups de minuits retentissent dans la pénombre de la grande salle que l’on appelle la salle « des pendus », car c’est ici qu’en 1789, les révolutionnaires locaux ont pendu les propriétaires des lieux… Tout le monde est dans l’expectative…

Tout d’un coup, une forme pâle apparaît près de la fenêtre. Sa taille est celle d’une chouette. Cette silhouette est tout d’abord visible par intermittence puis plus longuement durant un quart d’heure.

La surprise est totale, les seuls bruits proviennent des techniciens qui chuchotent. Une journaliste présente sur les lieux perd son sang-froid et s’exclame: « Mais c’est impossible ! ». Suite à cela, dans un silence de mort, la forme pâle se dirige en direction du chemin des rondes puis disparait.

Les techniciens ont juste le temps de prendre quelques photographies. Après examen, une silhouette blanche et vaporeuse est visible sur l’une de ces photos.

Exactement au même moment, un son perçant et suraigu semble provenir d’une autre pièce. L’ingénieur du son en charge d’effectuer la synchronisation des micros l’entend très clairement dans son casque, peu avant que le micro ne s’éteigne définitivement !

Apeuré, il se joint alors à l’équipe, mais aucun d’entre eux n’a entendu ce bruit étrange. ”

Mais évidemment, des sceptiques et des gens très conservateurs et effrayés par une telle possibilité firent selon leurs propres croyances : réussir à imiter et truquer un phénomène (naturel ou non) suffit à démontrer le fait qu’il s’agit d’une invention, création humaine et non un phénomène physique inconnu ou surnaturel… c’est un raisonnement évidemment faux et stupide en soit, mais ça marche aussi pour les crédules qu’il faut rassurer… l’argument principal fut que la nuit du 8 au 9 août 1984 était aussi une nuit de presque pleine Lune, la phase lunaire étant croissante au dernier quartier, et que c’était “probablement” un reflet lunaire à travers les meurtrières du chemin de ronde qui était la cause de cette lumière fantomatique… voilà une affirmation facile (sans vérifier la position lunaire ni l’heure du lever de la Lune, ni sa position éventuelle dans le ciel) qui suffit bien souvent aux sceptiques et zététiciens de tous poils (qui se font d’ailleurs pour certains de l’argent avec ces affirmations faciles !) pour repousser un tel phénomène ou un autre… et rassurer les crédules et en retardant ainsi parfois l’étude sérieux de certains phénomènes peu connus ou restant à découvrir, et ceci sans plus de matières scientifiques que les parapsycologues qu’ils mettent en doute, car ils utilisent en fait les mêmes méthodes…

Quant au baron, un homme peu impressionnable si l’on en juge par sa vie tourmentée de mercenaire, il vivait avec sa charmante femme, Denise, de quelque trente ans sa cadette, dans la partie opposée à la Tour. Ils étaient éloignés du chemin de ronde et de la Tour, parcours habituel du fantôme. II avait, selon ses dires, observé le phénomène au moins une centaine de fois. À chaque fois, il a essayé d’entrer en communication avec l’être qu’on suppose se manifester ainsi. Il a reconnu que, seul, dans le noir, dans ce château inhabité la nuit, il eut des frayeurs et, parfois, n’en menait pas large. Il y a tellement de bruits invraisemblables la nuit, venant de tous côtés, dans ces très vieilles demeures, que l’on peine à les identifier.

« J’ai, ajoutera-t-il, posé de loin des questions fort simples comme : Qui êtes-vous ? Que nous voulez-vous ? Une seule fois, j’ai cru, en 1972, entendre un long cri rauque paraissant venir de nulle part et qui m’a donné la chair de poule. J’ai pris mes jambes à mon cou. Jamais plus je n’ai tenté une semblable expérience et, de nuit, je n’ai plus remis les pieds sur le chemin de ronde. »

D’autres sont venus pour tenter de percer ce mystère, mais la curiosité s’estompa dans les années 1990, parce que le baron avait moins d’activité vu son grand âge. Ainsi, on parla beaucoup moins du fantôme.

Pour tous, c’était Lucie, même si les véritables historiens ne se hasardent pas sur son identité. Pour tous, c’est l’âme en peine de cette pauvre Lucie qui est supposée revenir hanter le château. Des gens du pays comme V. Richard, un chroniqueur local, vous racontent cette légende, et Lucie, ils l’ont baptisée la Dame blanche. Personne ne douta que ce fut son spectre que l’on pouvait supposer être sur la pellicule.

Epilogue :

Le baron est mort en 1998. Son épouse et leur fille demeurent à Versailles. Le baron s’y était ruiné, vendant tout son troupeau de bovins, pour remettre en état la tour et les toitures… Madame Elisabeth Mincer, propriétaire britannique actuelle, l’a acquis en 2002… elle affirme n’avoir jamais vu le fantôme, mais que plusieurs de ses invités l’ont effectivement aperçus selon leurs dires..

(source : https://www.sciences-faits-histoires.com)

Couleuvre – Où tu tomberas, Couleuvre sera

Couleuvre (www.saint-menoux.net)
Couleuvre (httplogs.surnateum.com)
Couleuvre (www.couleuvre-troncais.fr)

Situation

Couleuvre est à 39.3 km au nord-ouest de Moulins et à 48.6 km au nord-est de Montluçon

Légendes

Couleuvre serait construit en un lieu où tomba le serpent que Menuphe lança dans les airs en disant : “Où tu tomberas, Couleuvre sera”. Ce lieu serait resté infesté de reptiles jusqu’au jour où Saint Julien les chassa par des signes de croix. Il s’établit en ce lieu et fit jaillir une source : la Font Saint Julien, puis il décida de construire une église.

Autres versions :

L’outil de celui qui avait bâti l’église de Franchesse écrasa, dans sa chute, un serpent, et c’est là que fut construite l’église de Couleuvre.

ou

Le maçon qui venait de terminer l’église de Pouzy trouva un gros serpent qui lui disputait l’eau de son mortier et lui tirait la langue. Ce maçon le saisit avec son bâton qu’il lança au loin, en précisant que : “Là où tu tomberas, vilaine bête, tu marqueras l’emplacement d’une église que j’irai bâtir, et je lui donnerai ton nom”.

ou alors

Lorsque Saint Menuphe revint à pied de Rome pour regagner Quimper-Corentin en Bretagne, il était fatigué en arrivant au village de Mailly-les-roses, sur les bords de l’Ours. Il s’y reposa, puis s’y fixa définitivement. Tout le pays comprit très vite que le personnage était envoyé de Dieu, car il accomplissait de nombreux miracles. Or, dans ce village, avant qu’il n’ait changé ce joli nom fleuri contre Saint Menoux, il y avait une fontaine où tous les gens allaient puiser de l’eau. Des ménagères arrivant un jour devant la source, aperçurent un gros serpent qui sortait sa tête de l’eau, sa gueule laissant voir ces crochets menaçants. Les femmes ayant eu très peur, s’enfuirent et allèrent trouver Menuphe pour lui demander de faire disparaître ce serpent. Le Saint se rendit à la fontaine, y plongea son bâton autour duquel le serpent s’enroula. Une fois sorti de l’eau, il le lança en l’air en disant : “Où tu tomberas, Couleuvre sera“. La bête alla tomber à plusieurs lieues, dans un endroit désert, tout près d’un grand massif forestier. Le serpent se mit à proliférer et attirer vipères et crapauds. Il y en avait tellement que l’on fit appel à un certain Julien qui avait un tel pouvoir magique qu’il fit disparaître toutes les vilaines bêtes. Il fît ensuite jaillir une source, puis demanda aux gens du pays de l’aider à ériger une église autour de laquelle des maisons se sont construites. Et ainsi naquit Couleuvre.

(source :www.couleuvre-troncais.fr)

Les environs

Couleuvre – église Saint-Julien dans le bourg

Lurcy Levis – Street Art City à 6 km au nord

Forêt de Tronçais – Rond Gardien à 14.1 km à l’ouest

Vitray – La maison du loup

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Vitray - La maison du loup (locations.filmfrance.net)

Vitray - La maison du loup (Semaine de l'Allier 20 février 2020)

Vitray -La maison du loup (Semaine de l'Allier 20 février 2020)

Situation

La légende :

Les environs

Néris les Bains – La Bonne Dame de Péracier

(gravure de Ferdinand Dubreuil)
(gravure de Ferdinand Dubreuil)

LA BONNE DAME DE PERASSIER

En sortant de Néris par la route de Montluçon, tournez à droite peu avant le viaduc, prenez le chemin des Billoux, descendez au fond d’une gorge assez pittoresque, traversez le ruisseau et remontez une côte fort escarpée. Ce chemin conduit à l’étang de Ménevault et aux beaux arbres de la vallée de Sainte Agathe. Mais avant d’arrivée à Ménevault, vous apercevez une porte à demi ruinée, en haut de laquelle subsistait encore, il y quelques années, un écusson, une couronne, quelque chose qui reporte vers les temps anciens. Cette porte était celle de la cour du château de Pérassier.
A côté se montrent un massif d’arbres, une masure et quelques animaux jouant sur du fumier. Mais derrière cette masure, on trouve la ferme avec des ombrages plus touffus, des fossés remplis d’eau trop paisible, une tour carrée qui semble rester debout pour faire regretter ce qui est tombé. On sait mal quelle a été la destinée du château, ni le nom des anciens maîtres ; c’était un beau château cependant. La tour même, les restes de la porte, les fossés avec le pont qui subsiste encore, les murs crénelés au long desquels on passe en allant à Ménevault, attestent une ancienne existence aujourd’hui oubliée. Cependant de belles et nobles choses se sont probablement passées en ce lieu, car si l’en croit une vieille tradition, c’est là que Gabrielle Bartine, cette jolie damoiselle qui avait mérité l’inconstante tendresse de Charles II, le duc cardinal et l’archevêque guerrier, se serait retirée pour élever sa fille Isabelle. Ces chemins que les chevaux du pays franchissent aujourd’hui avec peine, ces cours métamorphosées en vergers, ces murailles dont il reste seulement une porte et quelques créneaux, retentissaient des chants de fêtes, des appels de chasse, et quelquefois des bruits de guerre.
Les belles et nobles choses qui se sont passées en ces lieux sont complètement oubliées, on ignore même les noms des seigneurs qui y ont commandé, seule persiste une vieille légende du moyen âge : cette légende de grâce et de bonté immortalise le souvenir d’une des premières châtelaines ; son nom à elle n’a pas disparu car aujourd’hui, comme jadis, on l’appelle la bonne dame de Pérassier.
C’était vers l’an 1100, il y avait alors au château de Pérassier un seigneur, homme violent et brutal comme l’on en vit peu : son coeur était aussi dur que son poignet accoutumé à manier le fer, il en tirait d’ailleurs vanité, disant que suivant la devise de ses ancêtres, il était : per acier, pareil à l’acier. Il n’était heureux que lorsqu’il guerroyait avec ses voisins, quand il courait le sanglier dans les bois, ou qu’il suivait la chasse au faucon avec les seigneurs d’alentours.
Son épouse était la jolie Pernelle, mais plus belle que son visage était son âme où régnait la bonté et la compatissance. Elle avait si grande charité qu’elle passait tout le long des jours, et même une partie des nuits, à travailler pour les pauvres. Aussi dans le pays ne la nommait-on pas autrement que la bonne dame de Pérassier. La méchanceté de son époux lui mettait beaucoup de deuil dans le coeur, mais elle souffrait en silence.
Souvent la bonne dame descendait au village voisin pour visiter les pauvres et leur porter avec de bonnes paroles, toutes sortes de provisions en pain, viandes, vin, linge, remèdes, etc… C’était à l’insu de son mari qu’elle exerçait toutes ces belles oeuvres de miséricorde. Le sire de Pérassier s’en étant aperçu, lui défendit, sous les plus cruelles menaces, de ne rien donner aux pauvres à l’avenir. Et la bonne dame de pleurer ! Mais elle était si dévouée et si bonne, qu’après quelques jours elle reprit ses habitudes.
Un jour, c’était pendant l’hiver, la bonne dame partait, ayant son tablier tout rempli de provisions pour ses bien-aimés pauvres et ses chers malades. “Ils sont par cet hiver grandement malheureux, pensait-elle, on ne saurait trop se hâter de leur porter secours”.
Mais au tournant du pont-levis, elle se trouva malencontreusement face à face avec le seigneur châtelain qui rentrait tout courroucé d’une chasse infructueuse.
“Qui vous fait sortir de si bonne heure, Madame, vous qui d’habitude à ce moment ne quittez guère votre livre d’heures” ?”
– Mon ami, j’allais au devant de vous.
– Voyons, que portez vous donc dans votre devantière, vous êtes chargées comme une pauvre paysanne !”
Toute décontenancée, la bonne dame ne sait que répondre, et, baissant les yeux, elle balbutie :
“Ce sont des roses que je porte à mon amie la dame de Cerclier.
-Oui-dà, répartit avec ironie le sire de Pérassier, des roses en plein hiver, c’est là belle merveille que je serais bien aise de contempler.”
Et d’un geste brusque, il écarte le vêtement que la bonne dame toute tremblante retenait à deux mains.
Mais – ô prodige – de la devantière ouverte coule une brassée de fleurs, et la terre, en ce moment couverte de neige, se trouve parsemée de roses odorantes et vermeilles, comme oncques n’en vit de semblables dans la saison du plus doux printemps.
Le sire, pénétré d’admiration, prit une des roses et la fixa sur son coeur en disant : “Continuez vos bonnes actions, ma douce amie, car je vois qu’elles plaisent à Dieu, et que grâce à vous il me sera beaucoup pardonné”. Et depuis ce moment il devint pieux, et se montra doux et affable envers son épouse et ses serviteurs.

Pernelle fut bien heureuse de ce changement, et vécut le reste de ses jours en grand honneur et bonheur.
Au bout de plus de huit siècles, son souvenir ne s’est pas perdu et aujourd’hui encore, au tournant de l’ancien pont-levis du château, un buisson de roses, odorantes et vermeilles, nous rappelle la belle âme et le doux sourire de celle qu’on appellera toujours la bonne dame de Pérassier.
(Extrait de “LEGENDES BOURBONNAISES”. Texte du docteur Piquand)

Colombier – La légende de Saint-Patrocle

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Actualités : histoire d'une fontaine intarissable

Colombier - Saint-Patrocle (Semaine de l'Allier du 18 juillet 2019)

Actualités : La source Saint-Patrocle a été l’objet d’une étude de la Drac visant à en établir une datation

Colombier - Saint-Patrocle (La Montagne © Photo Cécile Champagnat)

Actualités : La fontaine marieuse : un verre d'eau pour trouver un mari (La Semaine de l'Allier 6 août 2020)

Colombier - Saint-Patrocle ( semaine de l'Allier 6 août 2020)

Situation

La légende :

Outre l’église, la dévotion à saint Patrocle se centre sur la fontaine. Cette eau, toujours fraîche, est réputée avoir des vertus thérapeutiques. La légende rapporte que celui-ci manquant d’eau lorsqu’il construisit le monastère, il lança un marteau de telle force qu’il retomba à près de 300 mètres en créant la source. D’autres appellent l’endroit “le marteau de Thor”. Pourtant, c’est Sucellus, le dieu gaulois, qui aurait été le mieux placé : “Sucellus, dieu au maillet et au chaudron, protecteur de la fécondité, il fait jaillir les sources sylvestres en frappant le sol de sa masse. Il a été assimilé à Sylvain ou à Vulcain. On le représente sous la forme d’un vieillard ou d’un homme d’âge mûr, vêtu à la gauloise d’une tunique à capuche, de braies et de bottes, et portant un maillet et parfois un chaudron, souvent accompagné d’un chien. Il est souvent accompagné de la déesse Nantosvelta. Contrairement aux autres dieux gaulois, qui ont leur équivalent en Irlande et au pays de Galles, on ne le trouve qu’en Gaule. “La source est réputée pour la guérison des maladies de peau et pour que les jeunes filles à marier trouvent un partenaire. Il suffit pour cela qu’elles trempent leur pied droit deux fois dans le dernier bassin. Une procession à la fontaine a lieu le dernier Dimanche de Juillet. Le pèlerinage à Saint Patrocle, survivance probable d’un culte gaulois, n’a cessé qu’en 1970.

Les environs

Tronçais – le pas de la mule – le pendu

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le pas de la mule

Situation

La Forêt de Tronçais se trouve à 53 km à l’ouest de Moulins.

Le pas de la mule se trouve à 3 km au sud de Braize.

Histoire

Près du lieu-dit appelé aujourd’hui Le Pendu, à la sortie de la Forêt de Tronçais, en direction de Cérilly, une belle Forestière, Esther, était courtisée par deux jeunes hommes : Maurice et Jean. Ce dernier fit assassiner le père d’Esther pour faire retomber la responsabilité du crime sur Maurice qui fut condamné à être pendu !
Esther savait son fiancé innocent et, errant aux environs de Viljot, au comble du désespoir, elle se surprit à dire : “Satan ! Satan ! viens à mon secours…”. Et une voix lui répondit : “Que veux-tu ?”. C’était Satan lui-même.
Un marché fut conclu entre Satan et Esther et cette dernière ayant apporté la preuve du crime, au moment où Maurice allait être pendu, on fit arrêter Jean qui, après ses aveux, fut pendu haut et court. Mais Esther dut retrouver Satan à qui elle avait prêté serment… et son nouveau maître la changea en mule tandis que Maurice recherchait en vain sa fiancée disparue. Trois mois après cette disparition, un homme de haute taille voulut, auprès d’un maréchal, faire ferrer d’Or sa mule. Au cours de son travail, l’ouvrier fut surpris d’entendre l’animal lui dire : “Je suis une malheureuse jeune fille vendue au Diable afin de sauver mon fiancé innocent.”
Après ces propos, le maréchal exigea un prix très élevé pour le ferrage ; le Diable courroucé-car c’était bien lui le cavalier-donna un violent coup d’éperon à la mule. Sous l’effet de la douleur, la pauvre bête frappa si fortement de son sabot une grosse pierre placée derrière elle que le fer s’y grava et laissa son empreinte…on l’y voit toujours, au coin de la route de Montaloyer et du chemin qui conduit à l’église de Braize. On l’appelle dans le pays Le pas de la mule.
Maurice, alerté, suivit les traces de la mule jusqu’à la porte d’une taverne qui portait pour enseigne Les Chats Mignons… aujourd’hui Les Chamignoux. Maurice traita le Diable d’infâme menteur et, avec l’aide du maréchal-ferrant, le retint lorsqu’il voulut à nouveau enfourcher la mule. Sous l’effet des coups, Satan perdit ses droits et ses pouvoirs… Il libéra la mule, rendit à Maurice sa belle Forestière, puis s’enfuit dans la forêt…
Depuis lors, on a souvent essayé de combler le trou mystérieux du Pas de la Mule, mais chaque fois, il s’est trouvé vidé et nettoyé le lendemain.

Les environs