Epoque :  fin XII°- Protection : MH
Propriétaire : Ville de Moulins
Visite : non
Dates et horaires :
Adresse : Médiathèque de Moulins
Téléphone :
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Bible de Souvigny
Bible de Souvigny - (culture.allier.fr)
Bible de Souvigny -Esther et Assuérus (Wikipédia.org)
Bible de Souvigny (Wikipédia.org)
Bible de Souvigny - Pendaison d'Amman (Wikipédia.org)
Bible de Souvigny - Combat de David et Goliath (Wikipédia.org)

Actualité : La Bible de Souvigny au Louvre Abu Dhabi ( La Montagne 31 mars 2023)

Moulins - La Bible de Souvigny (La Montagne 31 mars 2023)

Situation

Histoire

Moulins, Bibliothèque municipale

La Bible de Souvigny est un manuscrit sur parchemin (peaux de bêtes traitées pour recevoir l’écriture). Il contient 200 bifeuillets de 56 sur 78 cm pliés en deux, soit 200 peaux de moutons, pour un poids de 32 kg.

Deux copistes ont transcrit les textes. Chacun pouvant recopier 170 à 200 lignes par jour, l’écriture des 400 feuillets représenterait au moins un an et demi de travail.

Cinq grandes peintures, plus d’une centaine d’initiales ornées et des milliers de lettrines organisent et agrémentent le texte biblique.

Style

La Bible de Souvigny est le chef de file d’une série de manuscrits à peintures du Centre de la France, que l’on retrouve du Puy à Bourges, de Souvigny à Cluny. Son style, marqué par un byzantinisme accentué, n’est pas l’expression d’un foyer déterminé. Il s’agit d’un style régional qui se retrouve dans plusieurs Bibles de grand format, fabriquées pour des abbayes ou des évêchés relevant d’ordres variés, éparpillés sur un assez grand territoire.

Parmi les manuscrits que l’on peut regrouper autour de la Bible de Souvigny, se trouvent la Bible de Bourges, celle de Lyon, et celle de Fressac originaire du Puy-en-Velay. Le texte de Souvigny suit de très près celui de la Bible de Clermont. Cette dernière semble antérieure d’une quinzaine d’années. Il semble même que la Bible de Souvigny ait été copiée directement sur celle de Clermont. Cependant, le style des enluminures en est assez éloigné.

Histoire de la Bible de Souvigny

La Bible date des dernières années du XIIe siècle. Il semble en effet qu’après une période de mauvaise gestion, le monastère ait connu un rétablissement de sa prospérité sous le prieur Aimeric (1183-1206). C’est à cette époque que le sacristain du monastère, Bernard, a fait faire une dizaine de manuscrits, ce qui représente une dépense considérable. Parmi eux, figure « une très précieuse Bible contenant l’ancien et le nouveau Testament ». Elle témoigne du développement atteint par le prieuré de Souvigny à la fin du XIIe siècle. A cette époque, le chantier de l’église romane était achevé, le grand transept montrant une influence directe de Cluny. Les trésors de sculpture qui la décoraient peuvent encore s’admirer, tels la « colonne du Zodiaque » ou les reliefs de la clôture du chœur roman. Monument de l’enluminure, elle pouvait être placée dans le chœur de l’église et montrée aux fidèles, complétant le caractère grandiose du sanctuaire où se vénéraient les reliques des saints Mayeul et Odilon.

La valeur exceptionnelle de cette Bible a toujours été reconnue. En 1415, elle fut transportée en Suisse, pour être consultée au concile de Constance où se déroulait le procès de Jan Hus. Plus tard, les propositions d’achat ou d’échange ne manquèrent pas. A la fin du règne de Louis XIV, des bénédictins de l’ordre de Saint-Maur donnent une description de l’église de Souvigny, « fort belle et fort grande » dans laquelle ils signalent le manuscrit : « On estime sur tout une grande Bible … dont on a offert plus de deux mille livres ». A la Révolution, l’inventaire de la bibliothèque du monastère est dressé en 1791 et la Bible, faisant partie des confiscations révolutionnaires, est transportée à Moulins. Il faut faire justice d’une légende tenace selon laquelle elle aurait alors servi d’escabeau aux employés de la bibliothèque. En 1832, la ville refusa l’offre de la Bibliothèque royale – ancêtre de la Bibliothèque nationale – d’échanger le manuscrit contre trois mille francs en livres imprimés. Propriété de l’Etat, la Bible de Souvigny n’a plus quitté son dépôt à la bibliothèque de Moulins que pour de rares expositions.

Les enlumineurs recevaient les cahiers de parchemin où le texte avait été copié. Ces cahiers n’étaient pas encore cousus. Ils préparaient leur travail en indiquant, dans les emplacements laissés libres pour la peinture, quel type d’initiale ou d’enluminure devait être peint. L’enluminure proprement dite était réalisée par étapes, double feuillet par double feuillet, avec des intervalles pour le séchage. On posait d’abord les métaux (or et argent), puis la peinture, couleur par couleur, couche par couche. Enfin, les détails et certains contours pouvaient être repris au trait noir. Les artistes disposaient d’une riche palette de métaux, pigments, colorants, d’origine minérale ou végétale, qu’ils devaient eux-mêmes préparer, broyer et mélanger en fonction de leurs besoins.

C’est la plus grande des cinq peintures de la Bible de Souvigny. Elle occupe presque une page entière, mais le copiste a dû terminer le chapitre précédent en empiétant sur le registre supérieur de l’enluminure. Il en résulte une composition dense, dont les scènes successives s’enchaînent comme des événements continus.

Dans le premier registre, David reçoit l’onction du Juge Samuel. Dans le registre central, David est armé par Saül à sa demande pour aller combattre le Philistin Goliath, comme il a combattu le lion pour défendre ses troupeaux (l’allusion à ce combat occupe la partie gauche de l’image). Dans la même scène, il est représenté avec sa fronde, reprenant ses habits de berger car l’armure est trop lourde. Enfin, dans le troisième registre, il tue et décapite Goliath, puis présente sa tête à Saül. L’artiste insiste sur l’exploit en faisant dépasser la lance du géant philistin dans le registre central : « Le bois de sa lance était comme une ensouple de tisserand ».

La présence de grandes peintures en pleine page dans les Bibles romanes est rare. Elle montre le caractère monumental et exceptionnel de la Bible de Souvigny, que certains considèrent comme la plus importante Bible romane française.

La vision d’Ezéchiel

L’initiale ornée joue un double rôle. D’une part, elle permet au lecteur de se retrouver dans l’organisation du texte biblique, en marquant le début d’un nouveau Livre. D’autre part, la scène qui est intégrée à la forme de la lettre condense et interprète une partie du texte biblique, d’où sa qualification d’initiale historiée.

 

Dans le « E » du début du Livre se trouve représentée la vision du prophète qui occupe le premier chapitre : autour d’une nuée lui sont apparues quatre figures, à face d’homme, de lion, de bœuf et d’aigle, qui entouraient une figure d’homme et une lumière éclatante semblable à un arc en ciel. L’enlumineur a choisi cette scène pour son contenu symbolique complexe, en la figurant clairement sous l’aspect du Christ en gloire entouré du symbole des quatre évangélistes. En effet, cette vision est considérée comme une préfiguration de celle de l’Apocalypse, où saint Jean décrit autour du Trône céleste les mêmes créatures, interprétées très tôt comme les symboles des quatre Evangélistes (l’ange pour saint Matthieu, le lion pour saint Marc, le bœuf pour saint Luc et l’aigle pour saint Jean). L’image de la Bible de Souvigny est ici beaucoup moins narrative que didactique, en imposant le parallèle entre l’Ancien et le Nouveau Testament : la vision d’Ezéchiel est clairement figurée sous l’aspect du Christ en gloire entouré du symbole des quatre Evangélistes.

Bibliographie

– L’enluminure française, Jean Porcher, Paris, 1959.

– Le Monde roman : 1060-1220. Le Temps des Croisades, François Avril, Xavier Barral i Altet, Danielle Gaborit-Chopin, (L’Univers des formes), Paris, 1982.

– The Souvigny Bible, Walter Cahn,thèse de doctorat inédite, New York University, 1967

– « Autour de la Bible de Lyon : problèmes du roman tardif dans le centre de la France », Revue de l’art, 47, 1980, p. 11 et sqq.

– La Bible romane, Fribourg (Suisse), 1982

– Romanesque Manuscripts. The Twelfth Century, 2 vol. (Survey of Manuscripts Illuminated in France), Londres, 1996.

– Nouveau regard sur la Bible de Souvigny, Patricia Stirnemann, Ville de Moulins, 1999.

(source https://culture.allier.fr/)

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