Mâle Emile (Historien d'art français)
Mâle Emile (Historien d'art français)
Mâle Emile (Historien d'art français)
Mâle Emile (Historien d'art français)
Mâle Emile (Historien d'art français)
Mâle Emile (Historien d'art français)

Liens bourbonnais :

Naissance : 2 juin 1862 à Commentry
Décès : 6 octobre 1954 à Fontaine-Chaalis (Oise 60)
Distinctions : Commandeur de l’ordre de Léopold
Prix Broquette-Gonin ()
Grand officier de la Légion d’honneur‎ (
Autres : Membre de l’Académie française (1927)

Prix Emile Mâle (Ce prix annuel récompense la restauration d’un élément du patrimoine architectural ou mobilier du département de l’Allier.)

Sites internet sur Emile Mâle :

www.enmaledeculture.com

Wikipédia : Emile Mâle

Sa Vie :

SURVOL DE LA VIE D’EMILE MÂLE

Cette esquisse de la vie d’Emile Mâle reprend en grande partie celle qui figure dans l’article « Le patriotisme dans l’œuvre d’Emile Mâle », paru dans « Histoire, Economie et Société », mars 2017, p.106-124). On pourra s’y reporter pour plus de précisions : ICI.

Qui est Emile Mâle (1862-1954) ? Les passionnés d’histoire de l’art et les amoureux du patrimoine apprennent encore qu’il fut le chantre de l’art médiéval, le « Champollion des cathédrales » (Germain Bazin), dont les livres ont façonné des générations d’étudiants en histoire de l’art et l’élite intellectuelle d’un temps.

Ils ignorent souvent que rien ne le prédestinait à pareille destinée, ses ancêtres étant tous de simples paysans ou mineurs bourbonnais. C’est l’industrialisation et la généralisation de l’instruction, conjuguée à une soif d’apprendre et à une ardeur au travail peu communes, qui lui permettent de se hisser au-dessus de son milieu modeste et de devenir normalien (promotion 1883-86), puis docteur ès-lettres (1899).

Le tournant de la thèse (1898)

La publication de sa thèse, L’Art religieux du XIIIe siècle en France…, aboutissement de dix années de recherches, marque un tournant dans la paisible vie de ce professeur de secondaire, âgé déjà de 37 ans : elle lui donne une notoriété durable, aussi bien auprès de ses pairs, conquis par cette vaste synthèse sur l’art gothique servie par une érudition impeccable, que du public cultivé, sensible à la simplicité d’un discours accessible et vivant, et à la poésie du style.

Au point que Mâle se voit confier en 1906 un cours d’histoire de l’art chrétien du Moyen Age à la Sorbonne, créé spécialement pour lui, et qu’il assumera durant 17 ans, jusqu’en 1923.

Surtout, cet ouvrage réédité douze fois en près d’un siècle – l’ultime édition, en poche, remonte à 1987 – ne contribua pas peu à ériger les cathédrales en symbole identitaire de la civilisation française : édifiées par d’humbles bâtisseurs de génie, sous la houlette de clercs en charge du programme iconographique, elles reflèteraient le génie national par excellence, fait de mesure et d’équilibre.

Cet art profondément chrétien, digne de rivaliser avec l’art grec, référence suprême des normes esthétiques du temps, aurait connu au XIIIè siècle son apogée et rayonné sur le monde, avant d’être submergé par la puissante vague de sensibilité, charriée aux XIVè et XVè siècles par la spiritualité franciscaine ; spiritualité à la source de laquelle s’abreuvaient l’art italien, déjà influent en France, et les Mystères, à la popularité croissante.

Un art réaliste, où dominent les sentiments et le pathétique succède à l’art idéaliste du XIIIè, qui s’adressait à l’intelligence : c’est l’idée maîtresse développée dans la deuxième étude monumentale de Mâle sur l’art médiéval, parue en 1908, L’Art religieux de la fin du moyen âge en France, fruit d’une dizaine d’années de travail.

Dérive partisane pendant la Grande Guerre

La Grande Guerre va bientôt éclater : le thuriféraire de l’art français, habité par l’amour de sa patrie, n’a plus l’âge de prendre les armes. Son tempérament discret et pacifique l’a toujours tenu à distance des engagements partisans aussi bien que de la politique, qui n’éveille guère son intérêt.

Rétrospectivement, on l’imagine aisément se retrancher dans sa tour d’ivoire pour poursuivre ses recherches, laissant les événements suivre leur cours meurtrier, et puisant dans sa connaissance de l’histoire un certain stoïcisme, et dans sa foi chrétienne l’espérance de la victoire.

Il n’en est rien : contre toute attente, Emile Mâle sort de sa réserve coutumière et monte au créneau pour stigmatiser l’ennemi allemand, coupable à ses yeux de crime contre la civilisation, suite au bombardement des cathédrales de Reims et de Soissons, et du château de Coucy (Aisne).

Ce sont d’abord des articles vibrant d’émotion et de colère, publiés par la Revue de Paris, pour dénoncer la destruction de ces hauts lieux du patrimoine national : articles au fort retentissement, mais qui auraient pu n’être qu’un « coup de sang », dans un contexte donné, auxquels ils auraient été rattachés une fois pour toutes.

Seulement Mâle va plus loin et entreprend de régler son compte à l’art allemand dans sa globalité pour en dénoncer la stérilité, la lourdeur, le manque d’inventivité : dans une série d’études argumentées, résolument germanophobes, il accuse les Germains de n’avoir rien su créer et de s’être toujours appropriés l’art d’autres peuples, perses, italiens, français…

L’ensemble de ces écrits est ensuite rassemblé en un petit livre rageur et polémique, L’Art allemand et l’art français du moyen âge, sorti des presses en 1917, dont la résonance est indéniable dans la genèse de l’histoire de l’art français, encore balbutiante, et dans l’inconscient collectif des Français.

N’est-ce pas, entre autres, pour récompenser cette victoire culturelle sur l’Allemagne qu’en 1918, l’Institut de France ouvre ses portes au professeur de Sorbonne, en l’élisant à l’Académie des Inscriptions et Belle-Lettres ? On est en droit de le supposer.

L’aboutissement d’un cycle sur l’iconographie médiévale

L’année 1922 marque une étape importante dans l’œuvre d’Emile Mâle, puisqu’elle clôt le cycle des vastes synthèses consacrées à l’art médiéval, avec la parution de L’Art religieux du XIIème siècle en France : il a fallu, une fois encore, dix années de recherches et de pérégrinations à l’auteur – en France et à l’étranger – pour accoucher de cette étude, ô combien novatrice pour l’époque, sur les sources de l’iconographie du Moyen Âge.

En s’appuyant sur les découvertes archéologiques les plus récentes, Mâle y démontre les origines orientales de l’art roman, qui serait le fruit « du génie grec et de l’imagination syrienne », en même temps qu’il porterait l’empreinte du renouveau monastique et de la vogue des drames liturgiques et des pèlerinages. L’accueil réservé à cet ouvrage, qui s’inscrit dans un cadre géographique beaucoup plus ample que les précédents, essentiellement consacrés à la France, est une fois de plus chaleureux.

De l’art médiéval à l’art baroque

C’est alors qu’Emile Mâle entreprend de s’aventurer hors de son champ d’investigation favori qu’est l’iconographie médiévale et de se pencher sur l’art de la Contre-Réforme, qui ne suscite en ce premier quart du XXè siècle qu’opprobre et railleries.

Un coup de pouce du destin va favoriser cette entreprise audacieuse : sa nomination, en 1923, comme directeur de l’Ecole française de Rome, poste qu’il occupera durant quatorze années, qui vont lui permettre d’arpenter de long en large la ville éternelle, terreau du renouveau artistique des XVIè-XVIIIè siècles.

La dernière grande synthèse de l’historien d’art peut ainsi voir le jour, en 1932, L’Art religieux après le Concile de Trente, histoire de l’iconographie religieuse dans une partie de l’Europe catholique après le schisme luthérien : iconographie engagée qui défend ce que le protestantisme attaque (la Vierge, les saints, la papauté, les sacrements…) et reflète fidèlement la spiritualité de l’époque, avec ses extases et ses appels au martyre.

Ouvrage pionnier et précurseur, ce livre eut moins de retentissement que les précédents, les questions iconographiques et théologiques ayant été reléguées au second plan dans ces années trente.

Une retraite très active

Avec ce quatrième volet, Emile Mâle achève, à 70 ans, son panorama de l’iconographie chrétienne du XIIè au XVIIIè siècle : il n’en continue pas moins à travailler ardemment, sort plusieurs ouvrages sur des sujets variés, Rome et ses vieilles églises (1942), La Fin du paganisme en Gaule et les plus vieilles basiliques chrétiennes (1950), les cathédrales de Chartres et d’Albi…, et signe de nombreux articles, préfaces, contributions à des ouvrages.

L’Académie française l’a élu en son sein en 1927 et il est choisi en 1945, par l’Institut de France, comme conservateur du musée Jacquemart-André, à l’abbaye de Chaalis (Oise), où il œuvrera jusqu’à sa mort, le 6 octobre 1954.

(Source : www.enmaledeculture.com)

Son Oeuvre :

  • L’Art religieux du XIIIe siècle en France, thèse pour le doctorat ès-lettres, 1899
  • Quomodo Sibyllas recentiores artifices representaverint, thèse complémentaire pour le doctorat ès-lettres, 1899
  • L’Art religieux de la fin du Moyen Âge en France, 1908
  • L’Art allemand et l’art français du Moyen Âge, 1917
  • L’Art religieux au XIIe siècle en France, 1922
  • Les influences arabes dans l’art roman, Revue des Deux-Mondes, 1923
  • Art et artistes du Moyen Âge, 1927
  • L’Art religieux après le Concile de Trente, étude sur l’iconographie de la fin du XVIe, du XVIIe et du xviiie siècles en Italie, en France, en Espagne et en Flandre, 1932
  • Rome et ses vieilles églises, 1942
  • Les Mosaïques chrétiennes primitives du IVe au VIIe siècle, 1943
  • L’Art religieux du XIIe au XVIIIe siècle, 1945
  • Jean Bourdichon : les Heures d’Anne de Bretagne à la Bibliothèque nationale, 1946
  • Les Grandes Heures de Rohan, 1947
  • Notre-Dame de Chartres, 1948
  • La Fin du paganisme en Gaule et les plus anciennes basiliques chrétiennes, 1950
  • La Cathédrale d’Albi, 1950
  • Histoire de l’art (directeur de rédaction), 2 vol., 1950
  • Les Saints Compagnons du Christ, 1958

(source : wikipédia.org)