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Situation
La Forêt de Tronçais se trouve à 53 km à l’ouest de Moulins.
Le château de Mazières se trouve à 6 km à l’est de Cérilly.
Histoire
Le seigneur de Mazières était connu dans tout le pays d’alentour par ses excentricités et par sa férocité, qui l’avait fait surnommer Le Loup. Il ne pouvait supporter personne, mais il avait une aversion particulière pour les religieux ; cette haine cachait sûrement quelques secrets qu’on n’a jamais pu tirer au clair.
Lorsqu’un religieux se présentait au château, le seigneur le recevait avec la plus grande courtoisie ; souvent même, il l’admettait à sa table ; puis le repas fini, le châtelain, par manière de distraction, prenait son cheval et invitait le religieux à monter sur un autre que l’on tenait tout préparé; s’il refusait, le Loup le faisait hisser par ses domestiques. A peine le pauvre moine était-il en selle que la bête indomptée, voyant la porte ouverte, s’élançait hors de la cour et gagnait la forêt. Lorsqu’elle s’était débarrassée de son cavalier, elle revenait au château manger l’avoine qu’on lui avait préparée, tandis que le méchant seigneur savourait son crime.
Or, un certain jour, un malheureux moine fut précipité à demi-mort par le cheval fougueux dans un profond ravin. Il gisait là, près de mourir, lorsqu’un voyageur qui passait à travers le bois entendit sa plainte. L’étranger accourut vers lui, le releva, lui prodigua ses soins, et lui fit raconter la conduite infâme du seigneur de Mazières. Indigné d’une telle barbarie, l’inconnu jura qu’il empêcherait bien le monstre de recommencer. Il donna au religieux ses propres habits, pris sa robe de bure, et, après l’avoir prié de l’attendre là sans bouger, il alla demander l’hospitalité au châtelain de Mazières. Il fut reçu comme les autres et dîna avec le maître qui, le repas fini, monta sur sa bête et fit placer sur le cheval fougueux le timide religieux qui s’excusait de son inexpérience.
A la grande satisfaction du châtelain, le cheval partit ventre à terre, et l’on entendit pendant quelques instants les cris plaintifs du pauvre cavalier que sa monture entraînait à travers la forêt. Mais, cette fois, le loup avait affaire au renard. Le cavalier eut vite fait de maîtriser sa monture: en quelques minutes il avait rejoint le religieux, il le fit monter derrière lui et disparut à toute allure dans la profondeur du bois.
Le gros Le Mazières comprit qu’il avait été joué ; il crut l’avoir été par un moine, ce qui augmenta encore sa haine contre les gens d’Eglise. Pour comble de malheur, son beau cheval, harassé par les recherches qu’il avait faites, tomba malade et périt. Sa colère, alors, ne connut plus de bornes : il chercha un moyen de se venger. Il se procura de fortes boules de buis et il fit creuser dans la cour un trou profond ; puis il attendit ses victimes. Il attendit longtemps, à son gré. Enfin, un jour, un religieux vint lui demander l’hospitalité. Il le reçut d’une manière courtoise et l’invita à manger avec lui. Ses serviteurs étaient consternés ; Ils se demandaient quelle nouvelle infamie allait commettre leur seigneur. En effet, le repas fini, le châtelain fit enterrer jusqu’aux aisselles le moine, et il força ses gens à lui lancer des boules du buis comme à un jeu de quilles. Comme il s’apercevait que, émus de pitié, certains de ses serviteurs envoyaient leurs boules par côté et sans force, il prit son arquebuse et la déchargea sur eux.
Un grand nombre de moines périt de la sorte. Mais, un jour, un religieux rencontra un petit valet du château qui, battu au sang par le monstre, raconta les crimes épouvantables qui avaient été commis à Mazières depuis la perte de son cheval ; ce religieux se trouvait être précisément celui que Renard avait sauvé. Tout ému au récit de telles horreurs, il se rendit sur-le-champ auprès de son ami Renard et lui conta les atrocités du Loup de Mazières.
Renard, que révoltait tant de scélératesses, résolut de mettre un terme à ses crimes. Il connaissait un superbe cheval des plus dangereux, parce que, d’abord doux, il devenait bien vite féroce. Il l’acheta et alla l’offrir au gros Le Mazières, qui ne reconnut pas dans le maquignon sa victime manquée.
L’intraitable châtelain, trouva le cheval à son goût, le flatte, le monte, le promène dans sa cour ; La bête qui se voyait prisonnière demeure très sage. Mais, après que, ravi, le seigneur eut fait abaisser le pont-levis et ouvrir le portail, le cheval s’élança d’un bond et partit comme une bête en furie à travers la forêt.
Quelques jours plus tard, on trouva le méchant Loup de Mazières étendu mort dans un profond ravin où sa monture l’avait précipité : depuis ce temps, on l’appelle “Saloup”. Comme quoi, tôt ou tard, les méchants sont toujours punis.