Situation

Souvigny et sa Prieurale se situent à 12 km à l’ouest de Moulins

Histoire

Il s’appelait Diaire, était imagier, et appartenait à l’importante et ambulante corporation des sculpteurs qui ont ornés de statues le porche des cathédrales, décoré de gargouilles grimaçantes les frontons et chevets des églises, fleuri de dentelles et de pinacles l’entrée des chapelles. Ils ont également œuvré aux croix dressées aux carrefours des chemins. Malgré tout son savoir-faire et la qualité de son ouvrage, il errait à travers chemins pour trouver labeur qui lui permit de gagner son pain. Mais personne ne souhaitait de ses services. Quelquefois, quelques bonnes âmes lui permettaient de coucher dans une grange, ou d’avoir un morceau de pain dans le ventre.
Son moral était bien bas et lui, pieds nus et appuyé sur un bâton de fortune continuait à errer par monts et par vaux, espérant trouver travail et une certaine bienveillance. Il croisa un jour un homme d’armes, recruteur de mercenaires à la solde du sire d’Archambault. Ils continuèrent leur route ensemble et, au fil des discussions, Diaire se laissa séduire et convaincre par le soldat de s’engager. Enfin, il allait pouvoir dormir dans un lit ! Enfin, il allait pouvoir manger à sa fin !
Mais, il ne tarda pas à déchanter. Il constata rapidement que la plupart de ses camarades sortaient des bas-fonds du peuple, et possédaient en eux les plus viles instincts, conduits en plus par un tempérament impie et brutal. Ils étaient capables de se livrer à tous les méfaits, à toutes les débauches, à tous les crimes. Il n’avait pas sa place au milieu de ces gens grossiers, et il devint leur souffre-douleur et l’objet de leur mépris. Sa vie morale était battue en brèche. Comment faire pour sortir de cet enfer, pour rompre un engagement qu’il avait librement consenti ?
Un jour, un de ses chefs voulut qu’il pris part à une expédition malhonnête. Il refusa. Une violente querelle éclata entre les deux hommes, au cours de laquelle Diaire tua son supérieur. Il prit la fuite. Vivant de rien, traqué, mourant de faim, Diaire fuyait. La misère, la tristesse et la désespérance furent ses seuls compagnons. Un beau matin, il aperçut les tours du Prieuré de Souvigny. Il vit dans cette pieuse demeure un refuge inviolable.
Les religieux l’accueillirent comme un envoyé de Dieu, car c’est ainsi qu’ils considéraient les pauvres. Ils lui donnèrent à manger, à boire, le firent se reposer et refusèrent, invoquant le droit d’asile imprescriptible, de le livrer aux soldats de la cour prévôtale de Monseigneur le duc de Bourbon.
Le prieur demanda à Diaire de raconter ses mésaventures, ce que ce dernier s’empressa de faire avec foi, enthousiasme. Son métier n’était pas celui des armes, mais des arts. Décoré les cathédrales et les abbayes, voilà sa voie !
D’importants travaux étaient précisément en cours au prieuré. La vieille église Saint-Pierre se transformait en une église gothique. Les travaux, colossaux, étaient sous la direction du sous-prieur Guillaume de Longpont, à qui Diaire fut présenté. Ce dernier exposa longuement au saint homme son projet pour l’édifice et promis, une fois ses travaux terminés, de se rendre à la justice. Guillaume de Longpont partagea la foi de l’artiste, et lui donna sa chance. Il travailla de l’aube au crépuscule à l’achèvement de la flèche.
Des merveilles naquirent chaque jour sous ses outils. Avec une maîtrise doublée d’un talent prodigieux, il fouilla la pierre, la festonna d’arabesques, de guirlandes, d’entrelacs, de feuillages. Il attacha des gargouilles fantastiques et grimaçantes au bas des galeries. Leur laideur évoquait l’image du péché et contrastait avec les têtes d’anges, d’une exquise beauté, prodiguées sur les arêtes de la flèche. D’une main inlassable, conduite par son génie, Diaire ne cessait de créer de la splendeur.
Une fois les travaux terminés, fidèle à sa parole, il descendit de son échafaudage, dit adieu à ses bienfaiteurs et leur demanda de le livrer. Ils refusèrent, et se rendirent personnellement à Moulins où résidait le duc. Ils sollicitèrent la grâce de Diaire qu’ils obtinrent. Sauvé par son chef-d’œuvre, ce dernier demeura au monastère et prit l’habit, ce qui lui permit de contempler jusqu’à sa mort sa belle et haute flèche. Lorsqu’il arriva au Ciel, Saint-Pierre lui ouvrit toutes grandes les portes du Paradis, pour lui exprimer sa reconnaissance du clocher magnifique dont il avait doté son église de Souvigny.

(source : randos-allier.com)

Les environs

Bourbon l’Archambault – La Forteresse  à 13 km à l’ouest

Besson – château de Fourchaud à 10 km au sud

Saint-Menoux – Eglise à 7 km au nord