Marcellin Desboutin - Autoportrait
Marcellin Desboutin - Autoportrait
Marcellin Desboutin - Maison natale à Cérilly
Marcellin Desboutin - Autoportrait
Marcellin Desboutin - Autoportrait
Marcellin Desboutin - Autoportrait
Edgar Degas, Un coin de table (1876). Marcellin Desboutin est assis à côté de l'actrice Ellen Andrée.

Naissance : 26 août 1823 à Cérilly
Décès : 18 février 1902 (78 ans) à Nice
Distinctions :
Autres :

Sa Vie :

Pour évoquer Marcellin Desboutin, il faudrait avant tout évoquer l’histoire de Montmartre. C’est en effet dans ce quartier de Paris, célèbre dans le monde entier, que Desboutin, « Prince des Bohêmes » selon l’expression de Manet et graveur de grand talent, connut ses années de gloire …

Né le 26 août 1823 à Cérilly (Allier), Desboutin y vécut toute sa jeunesse, parcourant longuement l’immense forêt de Tronçais toute proche dont le souvenir allait le hanter sa vie entière. Après de brillantes études au petit séminaire de Moulins-Yzeure d’abord, au collège Stanislas de Paris ensuite (licence en Droit), Desboutin se découvre curieusement une vocation artistique. Ses reproductions à l’encre de Chine de dessins paraissant dans « L’Illustration » sont des merveilles et très vite il est remarqué par le sculpteur ETEX, décorateur de l’Arc de Triomphe et surtout par Thomas COUTURE. Malheureusement les événements de 1848 dérangent quelque peu ses convictions. Destoutin quitte alors Paris et entreprend de voyager. Le voici qui s’installe un temps à Cosne d’Allier où demeure sa mère, puis à Issoire où il se marie. A cette époque, Desboutin est intrépide et le métier de chanteur de rues constitue sa principale activité. Mais l’envie de voyager le reprend et il part s’établir en Angleterre, puis en Belgique, avant de séjourner plus longuement en Hollande. Lors de ce séjour, Desboutin cherche à percer le secret des génies hollandais, principalement celui de REMBRANDT qui va devenir l’un de ses maîtres. Laissant libre cours à son besoin de découvertes, Desboutin reprend la route. Cap sur le sud cette fois-ci et le voici qui arrive à Florence en 1854. Dans cette ville qui, depuis Laurent le Magnifique, n’existe que pour l’Art, Desboutin se sent immédiatement à l’aide et décide de s’y installer. Pour cela il vend toutes les propriétés familiales, situées en Bourbonnais et s’offre le Palais de l’Ombrellino. Dans cette résidence somptueuse, où vécurent avant lui, Boccace et Galilée, Desboutin va rester 17 ans. 17 ans de vie facile, de réceptions, d’hospitalité fastueuse mais aussi de travail acharné. C’est à l’Ombrellino que Desboutin entreprend ses premières gravures et qu’il compose aussi ses drames dont l’un d’eux « Maurice de Saxe » sera joué àla ComédieFrançaise.Après 17 années de vie luxueuse, en raison des événements politiques qui secouent l’Italie à ce moment là (1870), Desboutin se trouve rapidement ruiné ! Il quitte l’Italie, séjourne un temps à Genève, puis vient s’installer à Montmartre. Ce n’est pas le seigneur de l’Ombrellino qui arrive sur la butte, c’est un vagabond, traînant sa démarche nonchalante, ne craignant pas de paraître coiffé d’un large feutre cabossé, vêtu d’une longue houppelande, chaussé de bottes éculées, la pipe aux dents, la barbe dense … Il habite une sorte de baraquement où le principal meuble est un escabeau ! Pourtant Desboutin séduit par la facilité avec laquelle il se détache des embarras du monde et le désespoir ne l’atteint nullement. MANET qui le découvre est frappé par le contraste qui existe entre le vagabond qu’il cotoie et le riche propriétaire de l’Ombrellino dont il avait entendu parler. Il déclare : « c’est le type le plus extraordinaire de Montmartre » et introduit Desboutin au célèbre café Guerbois, puis àla Nouvelle-Athènes, hauts lieux où se retrouvent chaque soir les plus grands noms du moment : Degas, Zola, Fantin-Latour, Mallarmé etc … Desboutin aime fréquenter les cafés « pour se reposer des fatigues de l’atelier » et c’est lui que Degas choisit pour modèle de son célèbre tableau « L’absinthe ».

Très populaire dans tout Montmatre, sa forte personnalité ne lui vaut que des amitiés solides principalement celles de Puvis de Chavanne et d’Emile Zola qui dit de lui : « ce qui me touche le plus chez Desboutin, sous son allure d’ancien chef de bande, c’est le travailleur acharné, l’artiste convaincu et d’une absolue bonne foi ». En effet, derrière le personnage singulier, existe un très grand artiste, peintre, poète et surtout graveur. Parmi les procédés du moment, Desboutin délaisse volontairement la lithographie et se consacre essentiellement à l’eau-forte, au burin et surtout à la pointe-sèche, technique dans laquelle il reste inégalable. Il en produit une quantité très importante, réalisant des portraits magnifiques des plus grands de ses contemporains : Aristide Bruant, Eugène Labiche, Jean Richepin, Zola, Renoir, Villers de l’Isle-Adam, sans compter les chefs-d’œuvres que sont ses autoportraits « l’homme à la pipe », « l’homme au chapeau », « Fumeur allument sa pipe », « Fumeur à la fourrure » et cette oruvre magistrale que sont les cinq épreuves constituant ‘Les Fragonard de Grasse ». Participant aux plus grandes expositions du moment, notamment à celle de se amis impressionnistes en 1876, Desboutin se taille une réputation flatteuse dans un art considéré comme secondaire, la gravure, et de surcroît, dans un genre difficile : le portrait. Voici comment le critique Edouard ROD résumait l’art de Desboutin : « un portrait exige de son auteur une pénétration ou une intuition que peu d’artistes possèdent. Le portraitiste doit être doublé d’un psychologue capable de comprendre la signification le plus intime des traits et des formes et de la traduire. C’est si difficile qu’en un moment où les bons peintres abondent les bons portraitistes se font plus rares que jamais.

Retiré à Nice, Desboutin y vécut les dernières années de sa vie et y mourut le 18 février 1902 sans être jamais revenu en Bourbonnais. Une exposition posthume à l’école des Beaux Arts de Paris en 1902, une rétrospective à Moulins en 1925, furent les dernières traces de l’œuvre de Marcellin Desboutin. Il était donc temps de redécouvrir ce grand artiste et l’hommage que lui rend aujourd’hui sa ville natale, à travers cette exposition, contribuera certainement à réhabiliter définitivement « Le Prince des Bohêmes ».

Bernard DUPLAIX  – Mémoire de Cérilly

Collections publiques :

Belgique : Liège, musée d’art moderne et d’art contemporain

France  :

  • Beauvais : musée départemental de l’Oise : L’Italienne (portrait de Madame Noverra)
  • musée de Cambrai : Portrait de jeune fille, 1823
  • musée de Compiègne : Alphonse Daudet, Autoportrait, Théodore de Banville
  • Dijon : musée des beaux-arts de Dijon : Portrait du docteur Albert Robin, Triomphe de Silène
  • Dijon : musée Magnin : Portrait du fils de l’artiste enfant, Portrait présumé de la mère de l’artiste
  • Montfort-l’Amaury, Le Belvédère : Portrait de Joseph Ravel, père de Maurice Ravel
  • Montpellier, musée Fabre : La Voiture d’enfant
  • Moulins, musée Anne-de-Beaujeu, Portrait de Mme Ackermann,
  • Nice: musée Jules Chéret : Portrait de l’artiste (autoportrait)
  • Nice : musée Masséna : La mère Jacoune, marchande de fruits et légumes
  • Paris: musée du Louvre (département des arts graphiques) : Édouard Manet
  • Paris : bibliothèque d’art et d’archéologie, collections Jacques Doucet : Portrait d’Émile Soldi, modelant sur sa selle
  • Paris : musée d’Orsay : Portrait de Madame Cornereau, Portrait de l’artiste (autoportrait)
  • Troyes, musée des beaux-arts : Autoportrait
  • Versailles, musée de l’Histoire de France : Edgar Degas, Eugène-Marie Labiche, Autoportrait